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DE
LA DESTINÉE DES VILLES.

CONSTANTINOPLE, ALEXANDRIE, VENISE ET CORINTHE.

Les villes ont aussi leur destinée ; la plupart naissent, vivent et meurent avec les peuples qui les ont fondées. Mais il en est qui semblent avoir une vie qui leur appartient en propre ; elles survivent aux empires qui s’y établissent, et elles servent tour à tour de séjour aux nations les plus diverses. D’où leur vient ce privilége ? Il est curieux de rechercher comment elles l’ont, et comment quelquefois aussi elles le perdent.

Les villes qui dépendent de la destinée des empires sont celles qui n’ont dans leur situation rien qui les soutienne et les fasse vivre, celles dont la fortune est l’œuvre des hommes seulement et où la nature n’a rien mis du sien. Dans l’antiquité, Babylone, Ninive, Persépolis, étaient des villes de ce genre. Tant que durèrent les Assyriens et les Perses, ces villes eurent une grande puissance ; mais, une fois ces empires tombés, leurs capitales tombèrent du même coup, parce que le lieu où l’homme les avait bâties n’était pas un de ces lieux qui semblent faits et désignés par la nature pour avoir une