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scandaleux, il est inutile. » L’ouvrage fut publié en 1732 sous ce titre : le Banquet de Platon, traduit pour un tiers par feu M. Racine, et le reste par Mme ***. Il est bon d’ajouter que l’abbesse ne savait pas le grec et n’avait lu que Marsile Ficin.

Nous rendrons justice à la prose élégante de l’abbé Arnaud, qui a donné une version de l’Ion, et qui, malgré l’admiration fort suspecte de Garat et de Suard, savait mieux le français que le grec. Sallier qui nous a donné le Criton, Maucroix qui a cru traduire l’Euthydème, l’Euthyphron et l’Hippias, Fortia d’Urban qui s’est occupé de l’Hipparque à peu près avec le même succès ; Thurot, Millin, Roget, dont nous avons quelques essais, ou n’ont traduit que des dialogues peu importans, ou les ont traduits de telle sorte que leur travail ne présente aucun intérêt[1].

M. Cousin a eu sous les yeux la plupart de ces traductions, et n’en a pu tirer sans doute qu’un bien faible secours. S’est-il servi plus utilement de Dacier ? Dacier n’entendait rien à la philosophie ni à la langue française mais il savait parfaitement le grec. Il nous a laissé la traduction de plusieurs dialogues avec des abrégés, des argumens, une vie de Platon et une notice sur sa doctrine. Mais le traducteur qui a été le plus utile à M. Cousin, un traducteur important et sérieux, c’est Grou ; Grou a traduit avec élégance et fidélité la République, les Lois et quelques autres ouvrages de Platon. M. Cousin a profité, comme de raison, de ces excellens travaux, et, comme de raison aussi, en homme qui ne peut être jaloux de personne, il a averti de ces emprunts avec une loyauté parfaite ; il dit dans les notes du septième volume : « J’ai pris pour base de ma traduction (des Lois) celle de Grou, comme un témoignage de ma sincère estime pour un écrivain bien supérieur à sa réputation. » Il restait encore, après Grou, quatorze dialogues qui n’avaient point été traduits, sans compter les sept petits dialogues, que l’on a appelés bâtards, parce qu’ils sont évidemment indignes de Platon, et les Lettres. Une traduction des Lettres, par l’abbé Papin, publiée par Dugour en 1797, est un ouvrage absolument nul sous tous les rapports, et dont on ne doit tenir aucun compte. Il parut aussi, en 1809, un Essai Historique sur Platon, par Combes-Dounous, qui annonce dans sa préface qu’il se dispose à publier les vingt-un dia-

  1. Notre savant universel, M. Le Clerc, qui a publié des Pensées de Platon, s’est malheureusement borné à ces excellens extraits, et nous n’avons de lui aucun dialogue.