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UNE VISITE AU ROI GUILLAUME.

ressource. Elle le sait, et, quoi qu’il arrive de la question d’Orient, elle ne demande qu’à garder une stricte neutralité. Sa vie est dans son commerce, sa force dans la moralité de ses habitudes, et son avenir dans la prudence de son gouvernement. Là du moins le gouvernement n’a qu’à vouloir le bien pour qu’il lui soit facile de le faire. Les préventions des partis ne vont pas au-devant de ses mesures pour leur donner une fausse interprétation et les rendre nulles ou impopulaires. Les discussions violentes, les théories aventureuses, n’égarent point à chaque instant l’esprit du peuple et ne le soulèvent pas contre l’administration. Il y a là encore dans toutes les classes de la société un sentiment de respect héréditaire pour le pouvoir, et une grande déférence pour ses décisions. Le peuple ne le juge point d’après des prévisions, il attend ses actes, et, s’il vient à le désapprouver, il garde encore dans le blâme un grand calme et une grande dignité.

L’article 225 de la charte de 1840 maintient les priviléges de la presse. La presse est libre, mais modérée[1]. Il y a dans chaque ville un peu importante un journal qui paraît tous les jours, ou deux ou trois fois par semaine. La plupart de ces feuilles provinciales se bornent à reproduire les nouvelles de l’intérieur et de l’extérieur, sans y ajouter de commentaires. D’autres suivent bénévolement la marche du pouvoir. Trois d’entre elles seulement se signalent dans ce pacifique domaine de la publicité par une opposition tenace et des attaques assez animées. C’est le Journal d’Arnhem, l’Interprète de la Liberté, de Groningue, et le Journal du Brabant septentrional. L’Interprète de la Liberté est d’une nature beaucoup trop violente pour le caractère hollandais, et n’a que fort peu de partisans ; le Journal du Brabant septentrional est l’organe du parti catholique : cette raison seule suffit pour expliquer sa tendance et son genre de succès dans un pays dont la majorité des habitans est protestante. Le journal d’Arnhem est assez lu et recherché, mais plutôt encore par un sentiment de

  1. Les droits de poste sont fort minimes, ils ne s’élèvent pas à plus de 2 centimes par feuille ; mais ceux de timbre sont considérables, ils emportent la moitié du prix de l’abonnement. Sur 28 florins que le rédacteur de l’Avondbode perçoit par abonnement, il en remet 14 au fisc. Les annonces se paient, dans les grands journaux d’Amsterdam, 30 cent. par ligne. Chaque annonce, de quelque dimension qu’elle soit, est en outre frappée d’un droit de 70 cent. Les journaux étrangers circulent librement en Hollande ; mais ils sont soumis à un droit de 13 cent. par feuille, ce qui les rend fort chers. Nos journaux de 80 francs coûtent par année à La Haye 170 francs.