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EXPÉDITION DE GOMEZ.

encore que les Asturiens, et vont remplir, à Madrid, à Séville, dans les grandes villes, les fonctions de portefaix et de porteurs d’eau. Peu de jeunes gens étaient restés disponibles pour la guerre civile. L’époque où Gomez visitait le pays était d’ailleurs particulièrement défavorable ; c’était le moment où presque toute la population valide de la Galice se répand jusqu’en Andalousie pour y faire la moisson, et laisse ses montagnes presque désertes jusqu’à l’hiver.

De Mondoñedo, Gomez, quittant la Galice, marcha vers le royaume de Léon : c’était la troisième province où il pénétrait. Il la parcourut sans difficulté comme les deux autres, et entra quand il voulut à Léon, capitale de la province. Il y fut reçu avec d’assez grandes marques extérieures d’adhésion, mais le nombre des volontaires qui se joignirent à lui fut encore moins considérable qu’à Oviedo et à Sant-Iago. Le royaume de Léon a fait très anciennement partie de la couronne de Castille ; le souvenir des lois primitives du pays s’y est conservé. Or, c’est par la Castille que le droit de succession des femmes s’est particulièrement introduit dans la monarchie espagnole ; c’est par une femme, Isabelle-la-Catholique, que la couronne de Castille a été réunie à celle d’Aragon. La légitimité d’Isabelle II ne pouvait donc être douteuse aux yeux des vieilles populations castillanes, et c’est, en effet, dans ces fidèles provinces que le trône de la fille de Ferdinand VII a toujours trouvé son plus ferme appui. Gomez traversa presque sans s’arrêter le royaume de Léon, dans la direction de l’ouest à l’est, comme s’il avait eu pour but de rentrer dans les provinces basques.

Il n’est pas douteux, en effet, que telle était alors son intention. Près de deux mois s’étaient écoulés depuis qu’il était sorti des provinces avec son corps d’armée ; il avait fait, dans cet intervalle, plus de trois cents lieues, il était entré dans trois capitales ; il était parvenu jusqu’à l’extrémité de la Galice, et il en était revenu ; il avait battu l’ennemi à Revilla, et il s’était dérobé à la poursuite incessante de forces supérieures ; il avait fait appel à l’insurrection partout où il s’était présenté, et il avait distribué des armes à qui en avait demandé. Tout porte à croire que son expédition était terminée, et qu’il n’avait plus qu’à rendre compte à ceux qui l’avaient envoyé. Le général Cordova se vanta dans le temps de lui avoir fermé l’entrée des provinces par ses manœuvres ; et à suivre les mouvemens que fit Gomez dans les premiers jours d’août, tantôt essayant d’aborder les provinces par le sud, tantôt se portant rapidement vers le nord jusqu’à Cangas de Onis, et revenant presque en droite ligne