pour la province de Cuença, dans le but commun de soulever le pays au nom de l’infant. Gomez échoua dans son entreprise, mais Zumalacarreguy réussit dans la sienne, et Gomez alla le rejoindre. Il fut nommé, dès son arrivée au quartier-général, colonel et chef d’état-major ; deux ans après il était maréchal-de-camp, et il avait justifié cet avancement rapide par plusieurs actions d’éclat. Ces précédens le désignaient naturellement pour un commandement aussi important que celui de l’expédition projetée.
Quand tout fut prêt pour cette expédition, une démonstration fut faite, par don Basilio Garda, du côté de Vittoria, pour détourner l’attention de l’armée constitutionnelle. Trompé par ce mouvement, le général en chef Cordova se porta sur le point qui paraissait menacé, et laissa le passage libre du côté d’Orduña.
Gomez partit d’Amurrio, petit village de la province d’Alava, le 26 juin 1836. La colonne expéditionnaire était forte de cinq bataillons, deux escadrons et deux pièces de montagne, en tout deux mille sept cents fantassins, cent soixante cavaliers et dix artilleurs. C’était bien peu pour ce qu’elle devait faire un jour, mais il ne faut pas oublier qu’elle ne partait que pour visiter deux petites provinces. Le marquis de Bobeda, brigadier, commandait en second l’expédition ; don Jose Maria Arroyo commandait l’infanterie, et don Santiago Villalobos la cavalerie. Un maréchal-de-camp portugais, don Jose Raimundo Peireira, avec un colonel et plusieurs officiers de sa nation, s’étaient joints à cette petite armée, qui emmenait avec elle un intendant, un trésorier royal et un commissaire des guerres.
Le lendemain même de son départ, elle rencontra à Revilla, à dix heures de marche environ d’Amurrio, la réserve de l’armée constitutionnelle, sous les ordres du maréchal-de-camp Tello, qui était accourue pour lui barrer le chemin. Les christinos furent battus dans cette première rencontre, qui ouvrit brillamment la campagne. Au lieu de profiter de ce succès pour pénétrer dans la Castille, comme on s’y attendait, Gomez se jeta vers l’ouest, dans la chaîne de montagnes qui court parallèlement à la mer de Biscaye, et qui sépare les Asturies du royaume de Léon. De son côté, Espartero, qui commandait la troisième division de l’armée constitutionnelle du nord, rassembla au plus vite les troupes disponibles, et se mit à la poursuite des carlistes avec six mille hommes de pied et trois cent cinquante cavaliers ; alors commença cette curieuse chasse qui devait se prolonger jusqu’à l’autre extrémité de la Péninsule, sans qu’aucune des deux armées s’en doutât alors.
Serré de près par Espartero, Gomez fila pendant quelques jours le