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LETTRES INÉDITES
DE
MADAME ROLAND.[1]

Il a été parlé surabondamment, ce semble, de Mme Roland ; nous-même en avons écrit une longue fois ailleurs ; mais, puisque l’occasion se présente, parlons d’elle encore. Il y a en critique comme dans la vie une fidélité à ses anciennes relations qui est utile et douce autant qu’obligée. On s’épand trop aujourd’hui en écrivant comme en vivant ; le cœur ni l’esprit n’y suffisent plus. Tous nous traitons et nous faisons tout. Au dehors, au dedans, chacun devient comme un salon banal. N’oublions pas tout-à-fait les anciens coins préférés.

Il est vrai que tout le monde ne pense pas ainsi ; les trop longues habitudes déplaisent au public. Quand d’un auteur, d’un personnage, même excellent, il en a assez, il n’en veut plus. Connu, connu, se dit-il, et il faut passer à d’autres. Aussi je ne serais pas étonné que, malgré l’intérêt réel et de fond qui s’attache à la correspondance qu’on publie, certains lecteurs la jugeassent fastidieuse, monotone.

  1. Coquebert, 48 rue Jacob.