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habarata, fleuves aussi, au large sein, à la source mystérieuse comme celle du Gange, au cours majestueux et parfois embarrassé, aux affluens nombreux, aux sinuosités infinies. La poésie de Calidasa, par les parfums dont elle semble imprégnée, par l’éclat éblouissant dont elle rayonne, rappelle les forêts embaumées de Ceylan et les mines de Golconde. Enfin les Pouranas offrent l’image de l’Inde tout entière. À l’horizon l’Océan sans bornes et des sommets qui touchent le ciel, au centre ces impénétrables jungles où le voyageur s’égare à chaque pas, mais où la vie, sous toutes les formes, bruit et scintille sur sa tête et à ses pieds ; où le cri de mille oiseaux, le murmure de mille insectes, le craquement des vieux troncs et le frôlement des herbes sous les pas des éléphans, remplissent l’oreille de bruits confus, tandis que l’œil contemple le plumage des perroquets et l’éclat des fleurs, s’amuse au balancement des lianes, s’éblouit enfin et se fatigue aux innombrables reflets de cette lumière qui ne se voile et ne se tempère jamais.


J.-J. Ampère.