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SCHILLER.

Jean-Christophe-Frédéric Schiller naquit le 11 novembre 1759[1], à Marbach, jolie petite ville du Wurtemberg, située sur une hauteur qui domine le Necker. Une tradition populaire raconte que, sur la colline où s’élève aujourd’hui cette cité riante, on n’apercevait autrefois qu’une épaisse forêt habitée par un géant, par une divinité vivante du paganisme, Mars ou Bacchus[2]. « C’était aussi un géant, dit le biographe allemand de Schiller, un géant de la poésie qui venait de naître dans ce lieu consacré déjà par les croyances superstitieuses du peuple ; mais ses yeux s’ouvrirent à la lumière dans une humble demeure, dans la maison de son aïeul maternel George Kodweis, qui avait perdu dans une inondation du Necker la meilleure partie de son petit bien, et qui exerçait alors l’état de boulanger : les premières émotions du poète furent celles d’une condition obscure, souvent troublée par l’inquiétude des besoins matériels. »

Son père, Jean-Gaspard Schiller, était entré à l’âge de vingt-deux ans dans un régiment de hussards en qualité de chirurgien-barbier. Il parvint dans l’espace de trois ans au grade de sous-officier, fut licencié à la paix d’Aix-la-Chapelle en 1748, et se maria en 1749.

  1. D’après son acte de baptême, vérifié par G. Schwab.
  2. De là vient le nom de la ville, Marbach (ruisseau de Mars).