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LITTÉRATURE ORIENTALE.

LE BHÂGAVATA PURÂNA,
TRADUIT PAR M. E. BURNOUF.

On peut distinguer au sein de la littérature indienne plusieurs âges marqués par des monumens dont le caractère poétique diffère autant que la langue dans laquelle ils ont été rédigés. Pour apporter de si graves changemens au fond et à la forme des produits successifs de la littérature indienne, il a fallu beaucoup d’années et de siècles. Combien de temps a dû s’écouler depuis les Vedas, ces hymnes d’une simplicité primitive, d’un style presque lapidaire, composés dans un langage dont les formes attestent une haute antiquité, depuis les Vedas, socle majestueux et brut sur lequel repose la pyramide de la littérature indienne, jusqu’aux grandes épopées sanscrites, le Ramayana et le Mahabarata, dans lesquelles la langue des Vedas a fait place à une langue moins concise, plus travaillée, plus souple ; dans lesquelles d’ailleurs l’austérité primordiale du culte vedique a été remplacée par la richesse et la complication excessive d’une mythologie surabondante ! Il y a loin aussi de ces grandes épopées elles-mêmes à la poésie fleurie, sentimentale du siècle de Vikramaditaya, aux chefs-d’œuvre délicats de cet ingénieux théâtre qu’on fait con-