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DE LA MISE EN SCÈNE CHEZ LES ANCIENS.
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nurent ni les trilogies ni les tétralogies : ils se contentaient de faire suivre leurs pièces sérieuses d’un mime ou d’une atellane[1] ; et, ce qui établit entre eux et les Grecs une différence encore plus marquée, ils n’adoptèrent l’usage des concours scéniques que fort tard. Les poètes du temps de la république vendaient leurs pièces aux édiles, mais ils ne concouraient pas. Ce qu’on lit dans le prologue fait pour une reprise de la Casina de Plaute : Hoec cum primum acta est, vicit omnes fabulas[2], n’est qu’une figure de langage. Les luttes poétiques admises, sous Jules César, entre les mimographes, tels que Laberius et P. Syrus, et introduites un peu après dans certains jeux littéraires, comme dans les jeux capitolins, ne furent qu’une tardive adoption des usages grecs. Les concours entre acteurs ne s’établirent même à Rome que sous Auguste. Il est question, je le sais, de palmes briguées par les acteurs dans les prologues de l’Amphitryon et du Pœnulus[3] ; mais ces prologues, comme celui de la Casina, paraissent avoir été écrits ou retouchés pour une reprise de ces comédies[4]. Ce que Cicéron[5] et Varron nous apprennent des corollaria décernés aux acteurs qui avaient bien joué, cum placuerant in scena[6], ne prouve pas que l’on ait connu dès-lors les concours histrioniques. Le corollarium était un témoignage de satisfaction que les éditeurs de spectacles décernaient, en sus de leur salaire, aux acteurs qui avaient plu à l’assemblée[7]. C’étaient des espèces de feux ou de primes dont l’usage remontait aux représentations privées[8]. Il n’y a de concours d’acteurs bien prouvés à Rome que ceux qui eurent lieu, sous l’empire, entre les musiciens et entre les pantomimes[9].

Les jeux scéniques, célébrés chaque année aux frais des édiles curules, duraient un, deux et même quatre jours. Dans les grands jeux[10], dans les jeux floraux, apollinaires, compitaux, mégalésiens,

  1. Cicer., Ad famil., lib. IX, epist. 16 — Schol. in Juven. Sat. III, v. 175.
  2. Plaut., Casin., prolog., v. 17.
  3. id., Amphitr., prolog., v. 72. — id., Pœn., prolog., v. 37.
  4. Osann., Analect. critic., pag. 176, seq.
  5. Cicer., In Verr., III, cap. LXXXIX.
  6. Varr., De ling. Latin., lib. IV, pag. 49, ed. Bip
  7. Suétone (August., cap. XLV) loue Auguste d’avoir fait souvent de telles largesses dans des jeux même dont il n’était pas éditeur.
  8. Cicer., Verr., IV, cap. XXII.
  9. Quant à ceux-là, une foule d’anecdotes, et, qui mieux est, de monumens et d’inscriptions, ne peuvent laisser le moindre doute sur leur existence.
  10. Les ludi magni duraient trois jours ; les ludi maximi en duraient quatre ; dans les uns et dans les autres, il y avait des jeux scéniques. V. Terent., Hecyr., titul.Sueton., Vit. Terent.