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LE DERNIER ABBÉ.

Luxembourg. Il y parvint à un âge fort avancé, se fit quelques amis nouveaux et acheta beaucoup de livres dans ses derniers temps, car il avait les yeux bons et aimait la lecture.

L’abbé Cordier mourut en bon chrétien. Il laissa par surprise son petit bien à un pauvre diable célibataire aussi et qui en avait autant besoin que lui, en le priant, lorsqu’il mourrait, d’en disposer de la même façon. La phrase suivante par où commençait son testament prouve qu’il apprécia son bonheur et que ses derniers jours furent doux et calmes : « Je souhaite à tous ceux qui ont vu la misère d’aussi près que moi, de mourir, comme je vais le faire, dans un bon lit orné de rideaux bleus, au milieu de beaux meubles d’acajou et dans un air chaud, avec toutes les aises qui ont tant de prix pour la vieillesse, etc. »

Il fut enterré modestement à Vaugirard, et son légataire universel eut soin que le tombeau fût bien entretenu jusqu’au jour où ce cimetière a été détruit. Nous souhaitons au lecteur, non pas les rideaux bleus et les meubles d’acajou de l’abbé Cordier, mais plutôt la simplicité de ses mœurs, sa modestie et son heureux caractère, qui sont des trésors plus précieux que toutes les richesses du monde.


Paul de Musset.