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LE BRIGANDAGE DANS LES ÉTATS ROMAINS.

cement de l’été, avait fait plusieurs arrestations sur les routes de Rome à Naples, par Terracine ou San-Germano, était dissoute. Ce chef, abandonné de ses complices, que décourageait le mauvais succès de leurs dernières entreprises, s’était, disait-on, caché au centre des montagnes de l’état romain, du côté de Frosinone et d’Alatri. Nous sûmes bientôt combien ces informations étaient inexactes.

À la sortie de Capoue, un accident arrivé à notre voiture ralentit notre marche : un des ressorts s’abaissa tout à coup, et la caisse toucha l’essieu. On répara tant bien que mal le dommage à l’aide de cordes et d’une pièce de bois qui maintenait le ressort, et nous rejoignîmes à Sainte-Agathe, au moment de déjeuner, les voitures de lord G… qui allait se remettre en route. Nous voulions coucher ce jour-là à Terracine ; nos dames prirent donc à peine le temps de boire une tasse de lait, et nous repartîmes, cheminant de nouveau de conserve avec lord G… Tout alla bien jusqu’au-delà d’Itri ; mais, à deux milles environ de cette bourgade, une des roues de notre voiture ayant heurté une grosse pierre placée au milieu de la route, le ressort céda de nouveau : la voiture commença à toucher ; il fallut, bon gré mal gré, ralentir notre marche. Les postillons de lord G… ne tardèrent pas à nous gagner, et, à l’un des détours de la montagne, nous perdîmes de vue la tête du convoi. Il était environ trois heures de l’après-midi ; le ciel était pur, la chaleur assez forte pour la saison, et la route paraissait absolument déserte. Cependant, à peu de distance du point culminant de la chaîne de montagnes que franchit la route d’Itri à Fondi, nous rencontrâmes un détachement de soldats. Cette vue rassura nos compagnes de voyage, qui commençaient à s’inquiéter. Comme j’entendais parfaitement l’italien, je causai avec le commandant du détachement ; celui-ci me raconta que le matin un berger était venu le trouver, lui rapportant que les brigands étaient arrivés cette nuit même dans les environs de Fondi. Mais c’était bien certainement une fausse alerte, ajouta l’officier, car je viens de parcourir la route de Fondi au col d’Itri, détachant quelques hommes sur les pentes voisines, et nous n’avons rien remarqué qui puisse faire supposer que les brigands aient reparu de ce côté. Le commandant, après nous avoir donné ces renseignemens, qui nous tranquillisèrent, rejoignit son détachement, qui descendait vers Itri, et nous continuâmes notre route.

Nous venions de perdre de vue cette petite troupe, lorsque nous fîmes une nouvelle rencontre. C’était un vieux paysan qui revenait du mâquis voisin, portant sur la tête un énorme fagot de rameaux de