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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 octobre 1840.


La destruction de Beyrouth, la convocation des chambres, le memorandum de M. Thiers et la note qui l’accompagne, ce sont là les grands évènemens de la quinzaine qui vient de s’écouler, les prémisses dont il ne doit pas tarder à sortir d’importantes conséquences pour la politique européenne. Ces trois ordres de faits découlaient nécessairement l’un de l’autre.

Après l’attaque sauvage des côtes de la Syrie, le gouvernement ne pouvait pas ne pas appeler les chambres à délibérer sur des circonstances aussi graves. Il est irrécusable aujourd’hui que les destructeurs de Beyrouth entendent disposer de l’Orient à leur gré, y exercer l’empire le plus absolu, sans tenir aucun compte de la puissance française et de la juste part d’influence qui doit nous appartenir dans les affaires du monde.

En débutant par des faits de cette nature, les alliés étaient sans doute disposés à pousser, en cas de résistance, les moyens de contrainte jusqu’aux dernières extrémités. Le nier, ce serait s’accuser soi-même de légèreté, se donner de gaieté de cœur un ridicule qu’aucun homme d’état ne pourrait supporter. Il faut bien qu’on nous dise ce que les signataires du traité de Londres auraient fait si Ibrahim-Pacha avait jeté à la mer leurs soldats, s’il se fût emparé de leurs canons et de leurs tentes. Un coup de vent subit qui pendant quarante-huit heures éloignerait les vaisseaux anglais du rivage, suffirait au général égyptien pour s’emparer de ces méchantes troupes turques qu’on a jetées sur la côte, et abritées sous le canon d’une flotte formidable. Encore une fois, que feront les alliés si la résistance, — le contraire est loin d’être prouvé — se proportionne à l’attaque ? si les premières démonstrations n’atteignent pas le but, si Méhémet-Ali ne s’émeut guère des violences de M. Napier, et le