Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 24.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.
241
ÉCOLE DES BEAUX-ARTS.

et jamais un calque, comme le moulage. Chaque époque copie selon son génie, chaque artiste y met et le goût de son temps et le sien. De là vient qu’on ne saurait rien imaginer de plus différent que les copies d’un même maître exécutées en différens temps ; le Raphaël de Lebrun n’est pas certes celui de David, ni celui de Vanloo celui d’Ingres.

À défaut de ces motifs mêmes, l’exécution de copies en nombre suffisant serait matériellement impossible. On manquerait, en effet, de trois choses indispensables : de temps pour les faire, d’argent pour les payer, et de place pour les recevoir.

On a fait, il est vrai, une exception en faveur du plus grand ouvrage de la peinture moderne, le Jugement dernier de Michel-Ange. Cette copie est une œuvre à part. C’est la première fois qu’elle a été entreprise et exécutée. Indépendamment de l’intérêt immense attaché à cette peinture fameuse, on peut assurer qu’une copie de la dimension de l’original est et sera la seule existant en Europe. Ces choses-là ne se font pas deux fois. On n’aurait même pas songé à faire exécuter cet immense travail, si l’église des Petits-Augustins n’eût, par un singulier et heureux hasard, offert une surface à peu près égale à celle du mur de la Sixtine occupé par la fresque de Michel-Ange. Ajoutons que, dans un temps qu’il est malheureusement permis de croire assez prochain, l’œuvre originale aura cessé d’être visible, et que pour la voir, il faudra venir à Paris. Grace à cette exception, on aura en regard, dans la même enceinte, l’ouvrage capital de Michel-Ange en peinture, avec toutes ses œuvres de sculpture. Ainsi, ce que l’art moderne a de plus grand sera là tout entier.

Je ne parle pas de quelques autres copies faites ou à faire, parce qu’elles ne sont et ne peuvent être, comme la précédente, que des exceptions.

La collection des plâtres est donc la seule qui puisse réaliser le plan historique adopté, la seule qui soit susceptible d’un arrangement méthodique. Quant aux avantages d’une collection de cette nature, ils frappent par leur évidence. Le Musée des Études fournira aux artistes des modèles et des leçons à tous ceux qui étudient l’art et son histoire dans un intérêt d’imagination, de philosophie ou de critique esthétique, des enseignemens plus positifs que ceux des livres ; au public en général, de nobles et beaux objets à contempler. Il semble qu’il n’y a pas ici matière à discuter. Cependant, comme on peut discuter sur tout, on a élevé des difficultés et des objections dont toutes ne sont pas également ingénieuses.