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ÉTUDES SUR L’ALLEMAGNE.

toutes les interprétations restrictives des garanties accordées aux peuples, et subordonne complètement les assemblées représentatives tant à l’égard des gouvernemens respectifs qu’à l’égard de la diète. Enfin, comme si tant de précautions ne suffisaient pas, on prend une sûreté de plus contre l’influence que ces assemblées pourraient exercer sur l’opinion publique. « Quand la publicité des délibérations des états, dit l’article 59, est assurée par la constitution, leur règlement doit veiller à ce que les limites légales de la libre expression des opinions ne soient outrepassées ni dans les délibérations elles-mêmes, ni dans leur publication par la voie de la presse, d’une manière qui puisse compromettre le repos de l’état particulier dont il s’agit, ou celui de l’Allemagne entière. » On voit que tout est dirigé vers le même but, et que les législateurs fédéraux savent descendre, quand il le faut, des hauteurs de la métaphysique politique, pour régler les détails d’intérieur. Nous ne pousserons pas plus loin l’analyse de l’acte final de Vienne, qui n’est qu’un pas de plus dans la voie tracée par les résolutions de Francfort, un autre produit naturel de la politique adoptée par les deux grandes puissances allemandes et imposée par elles à la confédération.

Il faut reconnaître, du reste, que cette politique atteignit son but et qu’elle comprima pour un temps toutes les résistances. De 1820 à 1830, le repos de l’Allemagne ne fut pas troublé ; on n’y ressentit même pas le contre-coup des révolutions qui remuèrent momentanément le midi de l’Europe, et à la répression desquelles l’Autriche et la Prusse prirent une part active, soit par les négociations, soit par les armes. Au milieu de cette tranquillité, l’action de la diète dut naturellement se ralentir ; toutefois elle montra à plusieurs reprises qu’elle ne cessait pas de veiller au maintien de son œuvre, et que sa tendance ne variait pas. Le 1er  juillet 1824 elle restreignit ou plutôt supprima entièrement la publicité de ses délibérations, qui jusque là pouvaient arriver en partie à la connaissance du public. Le 15 août de la même année, elle renouvela et renforça à quelques égards les décrets de 1819, notamment la loi sur la presse, dont la durée avait été limitée à cinq ans. L’état de l’Allemagne, depuis cette époque, n’avait pourtant fourni aucun prétexte plausible pour le maintien de cette loi d’exception, mais on s’était bien trouvé de ce provisoire, et on le rendit définitif. Le président de la diète déclara à cette occasion que la constitution de la confédération ne comportait pas un degré de liberté égal à celui qui existait dans d’autres pays. « En supposant, dit-il, que les lois répressives, souvent très sévères, qui existent ail-