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ÉTUDES SUR L’ALLEMAGNE.

guère qu’à recueillir une multitude de faits insignifians et de pièces sans importance.

Un autre arrêté régla les mesures à prendre relativement aux universités. Tous ces établissemens durent être soumis à la surveillance de commissaires extraordinaires nommés par les souverains respectifs et munis de pouvoirs très étendus. Ces agens eurent pour mission « de veiller au strict accomplissement des lois et règlemens disciplinaires en vigueur, de se rendre un compte exact de l’esprit dans lequel les professeurs faisaient leurs cours, d’imprimer à l’enseignement autant que possible une direction salutaire, calculée sur la destination future de la jeunesse des écoles ; enfin, de vouer une attention suivie à tout ce qui pouvait tendre à maintenir la moralité, le bon ordre et la décence parmi les étudians. » Les gouvernemens de la confédération s’engagèrent réciproquement à éloigner de leurs universités et autres établissemens d’instruction publique les professeurs et maîtres de toute espèce « qui seraient convaincus de s’être écartés de leurs devoirs et d’avoir outrepassé leurs fonctions en abusant de leur légitime influence sur l’esprit de la jeunesse pour propager des doctrines pernicieuses, contraires à l’ordre et au repos public, ou pour saper les fondemens des institutions existantes. » Un professeur exclu pour ces raisons ne pouvait plus être admis dans les états de la confédération à aucune fonction dans l’instruction publique. Les gouvernemens s’engagèrent en outre à maintenir dans toute leur force et rigueur les lois existantes contre les associations secrètes ou non autorisées parmi la jeunesse des écoles, et « à les étendre particulièrement et avec d’autant plus de sévérité à l’association connue sous le nom de Société générale, laquelle avait pour base l’idée tout-à-fait inadmissible d’une communauté et d’une correspondance permanentes entre les universités. » Enfin, tout étudiant qui, par un arrêté du sénat académique, rendu à la demande du commissaire du gouvernement ou confirmé par lui, aurait été exclu d’une université ou qui s’en serait éloigné de lui-même pour échapper à une telle sentence, ne pouvait plus être admis dans aucune autre université allemande.

Le complément naturel de ces diverses mesures fut un arrêté contre la presse. La diète décréta que, même dans les états où la liberté de la presse existait en vertu de la constitution, les écrits paraissant sous la forme de feuilles quotidiennes ou de cahiers périodiques, et en général tous ceux qui ne dépasseraient pas vingt feuilles d’impression, ne pourraient être imprimés sans la permission préalable de