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des montagnes. Ce sont en quelque sorte les derniers chapitres de leur histoire ; cette fois le scandale avait été trop grand et trop prolongé il dut cesser.

De 1816 à 1819, le brigandage avait pris, en effet, un formidable accroissement dans les états du saint-siége ; des bandes parcouraient l’Apennin dans tous les sens. Le gouvernement, après avoir temporisé et parlementé, se décida à sévir. Voulant faire un exemple terrible, il décréta la démolition de la ville de Sonnino et la dispersion de sa population. Chassés de ce côté, les brigands se retranchèrent dans les montagnes de Core, et traversant le Sacco, se rapprochèrent de Frosinone et d’Alatri.

On était arrivé aux premiers jours du mois d’août 1819, lorsque tout à coup le bruit de l’arrivée des brigands se répandit dans les environs de Palestrine et de Tivoli. On disait que leurs bandes nombreuses, chassées de Sonnino que le canon venait de détruire, se repliaient vers le centre des montagnes des états romains, faisant captifs tous ceux dont elles espéraient tirer rançon, et mettant à contribution les villages des montagnes. Ces bandits, échappés aux exécutions de Sonnino, ne respiraient que la vengeance. Beaucoup d’entre eux avaient fait partie de la troupe de De’Césaris, tué l’année précédente aux environs de Terracine. Obligés de se retirer devant la petite armée de deux mille hommes qui occupait les districts du sud, ils s’étaient divisés en plusieurs compagnies, et s’étaient donné rendez-vous aux environs de Subiaco et de Tivoli. Leur projet, disait-on, était de s’emparer des petites villes de la montagne ; peut-être même, lorsqu’ils seraient en force, hasarderaient-ils quelque coup de main audacieux contre Rome ; ils ne rêvaient rien moins que le pillage et l’incendie de ses faubourgs, parce qu’enfin, s’il fallait périr, ils voulaient du moins que ce fut avec éclat.

Le 9 août, deux jeunes campagnards qui portaient les chaînes d’un arpenteur employé au cadastre, et qui travaillaient sur la lisière d’un bois à peu de distance du chemin de Guadagnola, virent des hommes armés qui venaient de leur côté ; ils voulurent prendre la fuite, mais ceux-ci, les couchant en joue, les sommèrent de s’arrêter. Ces jeunes gens, à demi morts de frayeur, se gardèrent bien de faire résistance ; alors les brigands, les poussant devant eux dans le taillis, les conduisirent dans une clairière de la forêt, où dix à douze de leurs compagnons étaient couchés sur le gazon. Là, un de ces hommes, qui paraissait le chef de la bande, leur fit subir un long interrogatoire. — Qui étaient-ils ? D’où venaient-ils ? Y avait-il des soldats à Tivoli et à