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REVUE. — CHRONIQUE.

tème politique. Le gouvernement doit prendre au plus tôt des mesures propres à atténuer ces inconvéniens. Si l’humanité commande de venir au secours des réfugiés, elle ne défend pas de soustraire les hommes valides à une oisiveté qui est également fâcheuse pour eux-mêmes et pour la paix publique. Le gouvernement ne tardera pas, dit-on, à prendre un parti à leur égard.

On annonce que douze comités électoraux viennent d’être formés à Paris, savoir, un comité par arrondissement. Le premier, qui seul, dit-on, est organisé, est présidé par M. Laffitte.

C’est aujourd’hui que doit avoir lieu à Châtillon le grand banquet radical. Le nombre des invités est, dit-on, de quatre mille. Espérons que tout se passera sans désordre. Nous ne redoutons nullement l’expression légale et régulière des opinions diverses qui divisent les esprits. C’est ainsi que le pays se forme peu à peu aux mœurs constitutionnelles, que la liberté s’enracine et se consolide par sa propre retenue et la régularité de ses développemens.

Il règne une grande activité dans les divers départemens ministériels, non-seulement aux ministères des affaires étrangères, de la marine et de la guerre, où les circonstances politiques ont donné lieu à un redoublement d’activité, mais aussi aux autres ministères, tels que l’instruction publique, la chancellerie, les travaux publics. Nous rendrons compte une autre fois des importans travaux qu’on vient d’accomplir ou qu’on prépare pour l’ouverture de la session.



Les graves complications qu’a fait surgir le traité de Londres, ont inspiré la lettre suivante qui nous arrive d’Allemagne. Les vues qu’elle présente sur l’état des esprits au-delà du Rhin et sur l’action que la France peut prétendre à exercer dans les pays régis par la confédération, nous ont paru dignes de fixer l’attention des hommes politiques.


Monsieur,

Les partis politiques qui ont divisé la France jusqu’à ce jour, semblent se rallier au seul bruit d’une menace, même indirecte, de l’étranger. Il y a dans ce spectacle de quoi faire tressaillir de bonheur toutes les ames françaises. Mais, après cette manifestation d’un sentiment unanime, la discussion doit s’ouvrir sur ce qu’il convient de faire. Alors les avis se partagent, et, quelles que soient les modifications de détail, ils se rapprochent tous de deux opinions dominantes, manifestées aujourd’hui avec noblesse et énergie : l’une en faveur de la guerre défensive dans le Journal des Débats, l’autre en faveur du système de propagande européenne dans le National.

J’ai vu de près l’étranger pendant dix ans, et j’ai eu l’occasion de connaître quelques-uns des principaux hommes d’état de l’Allemagne. Me permettrez-vous de payer à la France, par votre organe, le tribut d’une opinion dont la publication me semble utile, et qui n’est ni celle du National, ni celle du Journal des Débats ?