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riéré) de la poste, etc. Toutes ces directions ont pour chefs de nobles Siciliens pleins de capacité et pénétrés des devoirs que leur imposent ces fonctions. Les recettes sont versées chez le trésorier-général, à Palerme. Le budget, fixé en 1829 à 1,860,329 onces (20,463,619 francs), s’est élevé en 1833 à 1,897,495. Il offre, ainsi que les subséquens, un déficit de 100 à 120,000 onces environ (1,500,000 francs). Le droit de mouture, qui figurait dans le budget pour 525,000 onces, a été beaucoup diminué, et la popularité du roi s’est augmentée d’autant par cet allègement d’un fardeau qui était particulièrement odieux aux Siciliens. Il est vrai que le gouvernement comptait trouver une compensation dans les bénéfices que lui promettait le marché des soufres avec la compagnie française ; mais, bien que ce marché ait été résilié, il serait très impolitique de rétablir le droit de mouture tel qu’il était avant sa conclusion. Peut-être se décidera-t-on à diminuer le budget des dépenses en réduisant la part de frais de la liste civile que supportent les Siciliens, et qui est de 173,532 onces, sans compter leur part des dépenses communes aux deux royaumes, qui, pour un quart, s’élève à 853,400 onces. D’un autre côté, l’amortissement appliqué à la dette publique sicilienne, et particulièrement aux 11,000,000 de francs empruntés en 1828, dégrèvera graduellement le budget et finira par combler le déficit, qui provient principalement des charges d’une rente perpétuelle peu proportionnée aux ressources du pays. — Mais la digression est un peu longue. Hâtons-nous maintenant de nous enfuir de ce dédale de chiffres profanes, où je suis entré presque involontairement, et de nous réfugier dans l’enceinte deux fois sainte et sacrée du temple de Minerve, dédié maintenant à la véritable sagesse et au vrai Dieu.

Le temple est resté debout dans toute la splendeur de ses belles proportions. Ce temple est trop vaste pour la Syracuse actuelle ; il contiendrait, au besoin, toute sa population, et il écrase de sa grandeur cette mesquine petite cité. En approchant par une rue étroite, on ne voit rien qu’une façade de mauvais goût, à fronton brisé, comme sont généralement en Italie les églises bâties par les jésuites, ou, à mieux dire, pour les jésuites. Les architectes chrétiens de l’époque barbare où ce temple fut converti en cathédrale, pensèrent sans doute qu’un pur et noble pronaos antique ne pouvait servir d’introduction à une église orthodoxe, et ils firent, en conséquence, ce chef-d’œuvre. Heureusement, ils n’ont pu défigurer le gracieux et irrégulier parallélogramme de l’édifice antique, flanqué sur les côtés de magnifiques colonnes cannelées, sans bases, et conçues dans le