sieurs représentans de l’Union à demander l’imposition de nos soieries, ils espèrent que cette industrie pourra se perfectionner en Amérique, au point de faire une concurrence, non pas redoutable à notre industrie, mais qui puisse les affranchir en partie des soieries étrangères ; nous n’aurons pas de peine à rassurer nos manufacturiers, et nous ne pouvons mieux faire pour y arriver, que de leur mettre sous les yeux l’état actuel de l’industrie sétifère aux États-Unis ; nous le ferons précéder de l’historique rapide des diverses tentatives faites pour naturaliser la culture de la soie dans l’Amérique du Nord.
La révocation de l’édit de Nantes, par lequel commence l’histoire de tant d’industries étrangères, fit passer en Angleterre, en 1685, un grand nombre d’ouvriers français ; ils s’établirent à Spithfields, et le gouvernement anglais, se trouvant ainsi en mesure de manufacturer de la soie, voulut recevoir la matière première au sol de l’Angleterre. Les essais furent infructueux, il fut reconnu que le climat de l’Angleterre ne convenait pas au mûrier, et Jacques Ier donna des instructions au comte de Southampton pour pousser avec vigueur la culture de la soie en Virginie, de préférence à celle du tabac. Les instructions du roi Jacques furent exécutées, elles furent renouvelées par ses successeurs, et le gouvernement de la Virginie, entrant sérieusement dans les vues de la métropole, encouragea la culture. Ces encouragemens et ces efforts ne produisirent qu’un grand nombre de mûriers que l’on retrouve encore dans la partie orientale de la Virginie.
Jusqu’en 1732, on n’entend parler d’aucune autre tentative. À cette époque, le gouvernement anglais acheta de sir Thomas Lambe son secret d’importation de la machine à moulinage, dont le modèle avait été surpris par son frère en Italie.
Cet encouragement, qui produisit une grande sensation, fit établir cette même année une colonie en Georgie, et des mesures furent adoptées pour la culture de la soie ; elles étaient sages ; elles obtinrent quelque succès. Une filature fut même établie à Savannah, sous la direction d’un habile Piémontais. Les administrateurs de la colonie à qui appartenait cette filature, résidaient en Angleterre, et étaient représentés sur les lieux par un agent qui achetait des planteurs les cocons, et les faisait filer au profit de ses ouvriers.
Ce système n’ayant pas donné les résultats qu’on en attendait, on en adopta un autre, et en 1751 il fut établi une filature publique, où l’on filait à un prix déterminé la soie apportée par les planteurs : Cette soie une fois filée était rendue par les planteurs aux négocians de la ville, qui l’expédiaient pour l’Angleterre. Mais ce nouveau système n’eût pas de meilleurs résultats que le premier, puisque de 1751 à 1772, c’est-à-dire pendant une période de dix-sept ans, il ne fut exporté en Angleterre que huit mille huit cent vingt-neuf livres de soie grège, ce qui ne fait qu’une moyenne d’un peu plus de cinq cents livres par an. La révolution détruisit la manufacture, et l’art de filer les cocons est aujourd’hui aussi inconnu en Georgie que dans les autres états de l’Union.