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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 août 1840.


L’échauffourée de Boulogne a fourni une nouvelle preuve de l’excellent esprit qui anime les populations, la garde nationale et l’armée. Ente le pays et la royauté de juillet, le pacte d’alliance est définitivement scellé. La France, qui entoure le trône de son amour et de sa puissance, ne s’est guère émue au bruit d’une folle tentative, et n’a pas laissé son attention se distraire de la question capitale du jour, je veux dire la question d’Orient.

Les actes du gouvernement anglais viennent d’ajouter à l’affaire d’Orient un nouveau degré d’importance et de gravité. Le discours de lord Palmerston, dans la chambre des communes, et plus encore les paroles que le cabinet anglais vient de mettre dans la bouche de la reine, doivent nous convaincre qu’il est décidé à suivre jusqu’au bout le faux système où l’ont enfin entraîné les passions et la légèreté de deux ou trois hommes politiques.

Dans le discours de la couronne, on n’a pas même, par un reste de courtoisie, témoigné quelques regrets d’une négociation si importante, conclue sans le concours de la France. Après avoir énuméré, avec une sorte de complaisance, ses nouveaux alliés, le gouvernement anglais annonce au monde qu’il entend, par ce traité, rétablir la paix de l’Orient et consolider la paix de l’Occident. Dirait-on, en lisant ces paroles, qu’il existe dans cette Europe, dont on prétend raffermir la paix, une puissance de premier ordre, une grande nation qu’on n’a pas même daigné mentionner ? Est-ce outrecuidance ou gaucherie ? Est-ce sérieusement qu’en l’an de grace 1840 on prétend dicter la loi à l’univers, en tenant de la France le même compte que le congrès de Vienne, de funeste mémoire, tenait de Lucques ou de Saint-Marin ?

Si, en laissant de côté l’étrangeté des formes, on entre dans le fond des