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placent, sur les grands autels de Saint-Pierre de Rome, la Transfiguration de Raphaël, le Saint Jérôme du Dominiquin, la Sainte Pétronille du Guerchin, le Saint Michel de Guide, etc., et qui pourront encore, après la destruction des toiles originales, faire connaître l’état de la peinture au siècle de Léon X. Il est juste d’en faire une description détaillée.

Cette mosaïque forme le pavé du triclinium d’été dans la maison du Faune. Contre la porte d’entrée, et en avant du morceau principal, se trouvent d’abord trois petits tableaux oblongs, séparés par des dalles blanches, qui représentent une rivière, le Nil sans doute, où s’agitent en grand nombre des animaux aquatiques, d’Égypte principalement, des canards, des ibis, des serpens, un hippopotame, un crocodile, un ichneumon. Quant à la grande mosaïque, qui est entourée d’une espèce de cadre, et forme un véritable tableau d’histoire, elle représente certainement une des batailles d’Alexandre contre les Perses, probablement la bataille d’Issus, car le récit de Quinte-Curce (lib. 3), dont je vais citer quelques passages, est parfaitement d’accord avec l’œuvre du peintre. On peut même croire, si le tableau original dont cette mosaïque doit être une copie, n’est pas grec, mais romain, que l’artiste aura porté sur la toile tous les détails donnés par l’histoire d’Alexandre, comme David, par exemple, a composé son Léonidas sur le récit de Barthélemy (Introduction au Voyage d’Anacharsis). Le moment choisi par le peintre est celui où les Macédoniens, Alexandre à leur tête, enfoncent la garde d’honneur qui entourait Darius, et où le prince persan, dont la défaite est accomplie, abandonne son char pour prendre un cheval et fuir avec plus de célérité. La partie gauche, malheureusement plus altérée que le reste du tableau, et qui offre de grandes lacunes, faciles, du reste, à combler par l’imagination, montre un petit groupe de Macédoniens pénétrant les premiers au milieu des cavaliers persans (Macedones, ut circa regem erant, mutua adhortatione firmati cum ipso in equitum agmen irrumpunt). Alexandre les guide et les précède. Monté sur un formidable cheval (forma spectabilis atque ferocissimus), la tête nue et le manteau royal sur les épaules, il combat à la tête des siens, plutôt en soldat qu’en général (non ducis magis quam militis mania exequebatur). Il renverse tout ce qui lui fait obstacle (tum vero similis ruinœ stragis erat), et, brûlant de frapper Darius de sa main (optimum decus cœso rege expetens), il perce de part en part avec sa lance un seigneur persan qui a fait au roi un rempart de son corps. Au centre du tableau, on voit Darius, coiffé