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nium, la salle de réception, etc., étaient ouvertes, ou pour mieux dire, à jour et comme en plein air. Au contraire, les chambres à coucher, ne recevant d’air et de jour que par la porte ouverte sur l’atrium, restaient soigneusement fermées, et la maison tout entière, bien close dans ses murailles, n’avait absolument aucune autre ouverture extérieure que le passage d’entrée donnant sur la rue. En cela, les habitations romaines ressemblaient aux habitations de l’Orient.

Lorsqu’on arrive à celle des portes de Pompeï qui est depuis longtemps déblayée, et où l’on trouva le corps de ce factionnaire qu’empêcha de fuir une trop sévère observation de sa consigne, commence la rue des Tombeaux. C’est le nom qu’on donne à la voie ou grande route qui menait à la ville de ce côté, et que, suivant un usage dont on trouve tant de preuves à l’entour de Rome, les habitans bordaient de tombes et de mausolées. Là se trouvent des constructions de forme un peu différente des maisons de l’intérieur : d’abord, et tout près de la porte, à main gauche, un vaste bâtiment qui était à coup sûr une hôtellerie, car son grand porche en arcades voûtées est tout-à-fait semblable aux façades des auberges d’Italie ; un peu plus loin, à main droite, la maison de campagne d’un habitant riche, et qu’on appelle maison de Diomède, parce qu’un certain Marcus-Arrius Diomedes avait fait élever vis-à-vis le tombeau de sa fille. Cette maison est curieuse par la grandeur inaccoutumée des pièces qui la composent, et par les vastes proportions du jardin, où l’on coupait, quand je l’ai visité, un magnifique champ de blé. Elle est curieuse aussi par sa disposition générale ; car, le sol au niveau de la rue étant plus élevé que celui du jardin, elle se trouve avoir deux étages, lesquels reposent sur quatre grands berceaux de caves, comme diraient nos maçons, qui font le tour de l’habitation entière. C’est à l’entrée de l’une de ces caves, où s’était réfugiée la famille du propriétaire pendant l’éruption, que l’on trouva dix-sept cadavres parfaitement conservés. Une des personnes étouffées en cet endroit par la cendre, et qu’on appelle la femme de Diomède, était encore debout contre la muraille, où son empreinte est marquée, parée de ses vêtemens, de ses joyaux, entre autres de magnifiques bracelets ciselés, et portant à la main une bourse pleine de monnaies.

Dans une autre maison, l’on a trouvé toute l’argenterie d’une dame romaine : des cuillères assez semblables aux nôtres, sauf que le manche est moins courbé, des fourchettes à un seul bec, véritables poinçons, des plats, des assiettes, des coupes, des vases à boire, entre autres les deux admirables vases d’argent ciselé, représentant, l’un un cen-