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POMPEÏ.

de réception, où les étrangers étaient admis, et que le propriétaire mettait tous ses soins à bien décorer ; c’est la principale pièce du logis par sa grandeur et son élégance. À droite, s’ouvre un passage conduisant à la seconde cour, mais destiné seulement aux esclaves, et pour le service intérieur ; à gauche, la salle à manger, le triclinium, où la table, fort basse, était entourée de petits divans sur lesquels les convives se tenaient à demi couchés. La salle de réception donne accès dans la seconde cour, d’abord sous un portique à colonnes, puis dans un jardin planté d’arbres, et terminé d’ordinaire par une fontaine ou un puits. Les fontaines de ces jardins, différentes en cela des fontaines publiques, étaient une des parties les plus ornées de la maison romaine ; on en rencontre encore plusieurs toutes formées de mosaïques, de coquillages, d’incrustations, ayant des formes bizarres de temples, de grottes, de pyramides, et semblables à ces jouets d’enfans conservés sous verre, où l’on voit des montagnes en cailloux blancs, des arbres en papier de couleur, et des nappes d’eau en cristal. Les simples puits avaient aussi leurs ornemens ; beaucoup plus étroites que les nôtres, les margelles étaient formées d’un bloc circulaire de marbre, soigneusement taillé et façonné, qui ressemblait à un fût ou à un chapiteau de colonne posé à terre. Enfin, au fond du jardin et à l’extrémité de la maison, se trouvaient la cuisine, le four, la buanderie, toutes les pièces servant aux usages domestiques, et d’ordinaire aussi la salle à manger d’été, qui n’était pas moins richement ornée que la salle de réception. On voit encore dans quelques maisons riches une pièce destinée à la caisse où l’on gardait l’argent. Ces caisses étaient pareilles aux nôtres. Faites en planches épaisses, revêtues de plaques de fer au dedans comme au dehors, elles étaient de plus clouées à la muraille. On en a trouvé plusieurs assez bien conservées, mais presque toutes vides, car, lorsqu’après la catastrophe qui engloutit leur cité, les habitans firent quelques fouilles pour retrouver leurs plus précieux objets, ils enlevèrent de préférence les monnaies, les bijoux et quelques peintures dont on voit encore la place sur les murailles où elles furent découpées.

Toutes ces maisons, dont je viens d’esquisser le plan général et uniforme, n’avaient qu’un seul étage, c’est-à-dire le rez-de-chaussée. On ne trouve que dans les chambres des esclaves, comme dans les boutiques des marchands, de petits entresols, ou plutôt des soupentes, coupant la chambre en deux parties, inférieure et supérieure. Toutes les pièces où les étrangers pénétraient, telles que l’atrium, le tricli-