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maintenant au musée Degli Studi, fut trouvée, en effet, au centre de la cour. Mais rien n’indique d’une manière précise quelle était la destination, quel était l’usage de cette importante construction. On croit que c’était une espèce de bourse, ou lieu d’assemblée pour les négocians ; mais cette opinion n’est qu’une conjecture à laquelle, toutefois, les circonstances locales donnent une grande vraisemblance.

De l’autre côté du forum, et presqu’en face du bâtiment d’Eumachia, s’élevait un autre édifice, non moins vaste, non moins important ; mais dont la destination n’est point incertaine ; je veux dire la basilique, ou palais de justice, dans laquelle siégeaient les tribunaux de Pompeï. C’est encore un carré long, moins allongé cependant que le forum, dont il a toute la largeur, et qui était d’ailleurs entièrement couvert, tandis qu’au forum il n’y avait que le seul portique circulaire qui ne fût pas sub dio, et qui offrît un abri aux citoyens rassemblés. La façade de la basilique est percée de cinq portes, qui donnent accès dans l’enceinte ouverte au public, et qu’une rangée quadrangulaire de colonnes, placées à quelque distance de la paroi intérieure, entoure aussi d’une espèce de portique. Dans le fond, sur une estrade en pierre, élevée de quelques palmes au-dessus des dalles dont le sol est pavé, siégeait le tribunal. Derrière l’estrade est une petite salle basse, bien close, à laquelle conduisaient deux escaliers jumeaux. Là, les juges délibéraient et rédigeaient leur sentence avant de remonter sur l’estrade pour en donner lecture, soit à l’accusé, soit aux plaideurs.

On sait que les premiers chrétiens, devenus, sous Constantin, maîtres de l’empire, trouvant les temples païens trop petits pour les nouveaux rites, s’emparèrent partout des salles de justice, et les convertirent en églises. De là le nom de basiliques, que portent encore les temples métropolitains, car les chrétiens ne se firent pas scrupule de prendre les noms avec les choses, et d’employer à leur usage les mots de diocèse, de vicaire, de concile, de dalmatique, et tant d’autres encore, qui avaient eu, bien avant eux, leur sens et leur emploi. Cette circonstance donne un intérêt tout particulier aux débris de la basilique de Pompeï. En la voyant, et dès le premier coup d’œil, on est frappé de la ressemblance qu’ont avec les anciens tribunaux romains les nouveaux édifices religieux, et l’on reconnaît aussitôt l’origine de ces derniers. Sauf les deux ailes ou nefs latérales, ajoutées dans les temples modernes pour former la croix grecque ou latine ; sauf encore l’élévation des nefs et des voûtes en ogives que les chrétiens ont dressées sur les colones de l’ancien portique, l’église