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REVUE DES DEUX MONDES.

Il est historique par la longue généalogie de vices brillans et frivoles qui se rapportent à lui comme à un ancêtre. Il l’est encore par sa situation unique de séducteur ingénieux, empruntant des vices à l’Espagne, pour les communiquer à la France ; tour à tour corrupteur et corrompu. Parmi les personnages qui commencèrent le mouvement intellectuel de la France vers l’Espagne, il est le second en date, et succède immédiatement au secrétaire d’état Perez[1]. Enfin, sa chute après tant de crédit, les ténèbres d’une tombe si obscure après une vie si radieuse, tant de mépris succédant à cette apothéose, méritent l’examen et offrent un intérêt plus que littéraire : c’est une sévère et utile leçon pour toutes les vanités et tous les orgueils. Ne plaçons pas nous-mêmes la couronne sur nos fronts, ne nous faisons point la part de notre gloire ; cherchons la vérité plus que le succès, et laissons le reste à l’avenir.


Philarète Chasles.
  1. Voyez, sur Antonio Perez, la Revue des Deux Mondes du 15 mai dernier.