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L’ARTÉMISE À TAÏTI.

JOURNAL INDÉDIT D’UN OFFICIER DE L’EXPÉDITION.
POLYNESIAN RESEARCHES. —

Depuis long-temps notre commerce avait sujet de se plaindre du rôle auquel le condamnait, dans les archipels de l’Océanie, la prépondérance jalouse de l’Angleterre et de l’Amérique du Nord. Suzeraines des mers du Sud, ces deux puissances semblaient avoir adopté, vis-à-vis des tiers, un système d’exclusion brutale ou d’éviction souterraine, et aucun établissement stable n’avait pu se fonder à côté des leurs, ni dans un intérêt religieux, ni dans un intérêt maritime. Nos armateurs, jouets de procédés odieux, avaient subi de nombreux mécomptes sur les marchés polynésiens, et les missionnaires catholiques, attirés par l’espoir d’une moisson spirituelle, s’y étaient vus, à diverses reprises, en butte à des persécutions ombrageuses et à des déportations violentes.

Cette situation, si elle eût été impunément soufferte, aurait fait à notre pavillon un tort dont il se serait difficilement relevé aux yeux des naturels. Une démonstration imposante devenait d’autant plus nécessaire, que les évangélistes luthériens avaient eu soin d’inspirer à ces sauvages une idée peu avantageuse des forces et de la grandeur