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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 juillet 1840.


Le gouvernement et le pays ont noblement répondu au défi du cabinet anglais, le pays par les sentimens qu’il a manifestés, le gouvernement par les mesures qu’il vient de prendre.

Nous disons au défi, car les dangereuses conséquences du pacte que la Russie et l’Angleterre viennent de signer, ont été si souvent signalées par la France, qu’il est impossible de ne pas voir dans ce traité une sorte de provocation.

Nous disons du cabinet anglais, car cette étrange convention, loin d’être l’expression des vœux de l’Angleterre, n’est que le résultat des caprices opiniâtres et superbes de lord Palmerston, habilement exploités par les agens russes et subis par ses collègues. Si elle était conforme aux vœux du pays, aux intérêts bien entendus de l’Angleterre, la presse anglaise aurait été unanime à la demander, unanime à la justifier, et les collègues de lord Palmerston, certes aussi bons Anglais que lui, n’auraient pas résisté des mois et des mois à une mesure qui aurait été bonne en soi et nationale.

Le ciel nous préserve de répéter, à l’endroit de lord Palmerston, les expressions par trop grossières qu’une juste et vive indignation a laissé tomber de quelques plumes. Mais nous savions depuis long-temps, et nous l’avons dit plus d’une fois, que, même dans les matières les plus graves, l’imagination domine chez le noble lord et lui dicte des résolutions que son amour-propre saisit avec obstination, et que ne saurait avouer la maturité réfléchie de l’homme d’état. Plus d’une fois le ministre anglais a failli, par l’impétuosité et l’audace aventureuse de ses déterminations, compromettre la paix du monde. Le bon sens de ses collègues, ainsi que la fermeté et la prudence de notre politique, avaient pu jusqu’ici prévenir tout écart trop fâcheux, tout