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LES SCIENCES EN FRANCE.

pourraient s’opérer, tandis que la masse intérieure se trouverait presque entièrement à l’abri des actions extérieures. Les effets mécaniques du refroidissement terrestre, auxquels plusieurs géologues attribuent une action si marquée, s’évanouiraient alors, ou seraient du moins considérablement atténués.

L’idée hardie que M. Poisson a émise aussi sur l’étendue et la constitution de l’atmosphère de la terre a paru étonner les savans. Suivant cet illustre géomètre, notre atmosphère serait terminée par une couche d’air liquéfié, c’est-à-dire d’un air qui aurait perdu son élasticité. Cette hypothèse, qui peut donner lieu à des objections graves, mérite cependant d’être examinée très sérieusement, non-seulement à cause du nom de M. Poisson, mais aussi parce que M. Biot a cru devoir l’adopter et la défendre publiquement.

Ce n’est pas uniquement par ses écrits que M. Poisson s’est efforcé de propager en France l’étude de la physique mathématique et de la mécanique céleste. Dans ses leçons, il n’a jamais cessé de recommander aux jeunes mathématiciens l’étude des grands phénomènes naturels. Comme membre de l’Institut et du conseil de l’instruction publique, il a employé tout son ascendant à l’Académie et dans l’université, pour assurer à la France la suprématie dans la mécanique céleste, qu’il aurait voulu fixer irrévocablement chez nous, et qui, disait-il, depuis Clairaut et d’Alembert, était devenue une de nos gloires nationales. L’espoir d’atteindre ce but, qu’il poursuivait avec la persévérance qui lui était propre, le soutenait au milieu de ses occupations nombreuses et semblait doubler ses forces qui étaient grandes, mais dont malheureusement il abusa. Outre ses cours nombreux au Collége de France, à l’École Polytechnique et à la Faculté des Sciences, cours qu’on a trouvés rédigés, il exerçait depuis longues années les fonctions difficiles et fatigantes d’examinateur à l’École Polytechnique et à l’École de Metz ; il dirigeait seul à l’Université la marche des études mathématiques, il était membre de l’Institut et du Bureau des longitudes, et il a toujours rempli ses devoirs avec une exactitude incomparable, sans jamais manquer une séance académique ni une leçon. On a de la peine à comprendre comment le même homme pouvait suffire à tous ces travaux obligatoires et composer en même temps une foule d’admirables mémoires sur les points les plus difficiles de la science dont la plupart, pour l’étendue et l’importance, sont de véritables ouvrages, et qui enrichissent les volumes de l’Institut, la collection de l’École Polytechnique, la Connaissance des temps, le journal de M. Crelle, le Bulletin de la Société Philomatique,