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LES SCIENCES EN FRANCE.
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Si je me suis arrêté à ces recherches, ce n’est pas seulement à cause de leur importance, mais aussi parce qu’elles exercèrent une influence marquée sur la direction des travaux de M. Poisson. Attiré dans une sphère où, dès son entrée, il avait obtenu de si beaux succès, encouragé par l’exemple et les conseils de Laplace, qui considérait surtout l’analyse comme un admirable instrument qu’on devait appliquer à la mesure des phénomènes naturels et à la détermination des causes qui les produisent, soutenu par les plus heureuses dispositions, M. Poisson, depuis cette époque, s’occupa spécialement de mécanique céleste et de physique mathématique ; ses premières recherches sur la physique datent de 1812[1], et sont relatives à la distribution de l’électricité à la surface des corps conducteurs ; elles ouvrirent à M. Poisson les portes de l’Académie des Sciences, où il fut appelé à remplacer Malus.

On s’est quelquefois étonné dans le public qu’un tel analyste appartînt à la section de physique, plutôt qu’à celle de géométrie ; mais si l’on considère que M. Poisson n’a pas cessé de s’occuper pendant trente ans de physique mathématique, qu’il a composé un grand nombre de mémoires sur les questions les plus ardues de cette science, sur la théorie des surfaces élastiques et sur la théorie des ondes, sur le magnétisme, sur la chaleur et sur la lumière ; qu’il a publié des traités spéciaux sur l’action capillaire et la théorie de la chaleur, et qu’il se proposait de traiter dans des ouvrages séparés toutes les branches de la physique qui peuvent être soumises au calcul, de manière à former un grand traité de physique mathématique qui aurait eu huit ou dix volumes, on ne pourra s’empêcher de reconnaître que M. Poisson était un physicien d’un ordre très élevé, et qu’il remplissait parfaitement la place qu’on lui avait conférée à l’Académie. Je ne puis vous donner ici, monsieur, un extrait des nombreux travaux de M. Poisson sur la physique mathématique. Cette exposition doit se trouver dans l’éloge de M. Poisson qui sera lu à l’Institut par M. Arago,

  1. À la vérité, M. Poisson avait déjà présenté à l’Institut, en 1807, un travail sur la théorie du son ; mais cet écrit ne renfermait guère que de l’analyse, et c’est surtout son mémoire sur l’électricité qui le classa parmi les physiciens. Ce mémoire fut lu à l’Académie le 9 mars 1812, et quinze jours après M. Poisson était membre de l’Institut. C’est par erreur que, dans la première partie des Mémoires de la classe des sciences mathématiques de l’institut pour l’année 1812, il est dit que les premières recherches de M. Poisson sur l’électricité furent présentées à l’Académie le 9 mai 1812. Ces recherches précédèrent sa nomination et l’assurèrent : le 9 mai n’était même pas un jour de séance.