Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 23.djvu/352

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
Séparateur



14 juillet 1840.


Nos prévisions se sont réalisées. La chambre des pairs a adopté à d’imposantes majorités tous les projets de loi d’intérêt matériel que le gouvernement lui avait présentés. Qu’on ne dise pas que la chambre a cédé à une sorte de contrainte ; la discussion du projet de loi sur l’organisation du tribunal de la Seine répond à tout, et rend témoignage de l’indépendance de la pairie et de sa juste confiance dans ses forces et dans son droit. À une époque si avancée de la session, la chambre, composée en grande partie d’hommes que leurs fonctions, leurs occupations, leurs habitudes ou leurs goûts appelaient hors de Paris, la chambre, dis-je, a discuté ce projet de loi comme elle aurait pu le faire les premiers jours de l’année. Elle a mis trois séances à faire ce qu’une chambre impatiente et ennuyée aurait accepté ou rejeté au bout d’une heure. Cette belle et forte discussion n’a pas, malgré quelques répétitions et quelques longueurs inévitables, été troublée un instant par des marques d’impatience et d’inattention. Cependant la question était une de ces questions qu’on appelle spéciales, un débat de magistrats et de publicistes. Disons-le : il est impossible de ne pas être saisi de respect en voyant ces soldats, ces marins ces hommes illustres, accoutumés aux grandes choses, à une vie d’action, à des résolutions rapides, décisives, se livrer pendant trois jours, au milieu de l’été, avec une attention religieuse, à l’examen de cette question : Y aura-t-il un noviciat auprès du tribunal de la Seine ? La chambre a rejeté et le projet de la commission et celui du gouvernement, un seul article excepté. On se tromperait si l’on cherchait à voir dans ce rejet un vote politique. La question était grave, compliquée, difficile. La chambre a pensé que la mesure n’était pas urgente, et que la question méritait d’être remise à l’étude et mieux élaborée.

Le vote de la loi sur les paquebots transatlantiques a été remarquable par l’absence complète de boules noires dans l’urne du scrutin. Il n’y avait pas même les quatre ou cinq boules noires qui paraissent l’accompagnement obligé