Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 23.djvu/122

Cette page a été validée par deux contributeurs.



BROUSSAIS.[1]

Lorsque l’Académie des Sciences morales et politiques fut rétablie en 1832, M. Broussais était depuis long-temps célèbre par la hardiesse de ses systèmes, le nombre et la valeur de ses écrits, l’accomplissement même d’une grande réforme médicale. Il essayait alors d’étendre jusqu’à la philosophie la révolution qu’il avait opérée en médecine. Cet observateur habile, ce réformateur original, cet écrivain abondant et chaleureux, cet homme supérieur qui, pendant plus de quinze années, avait rempli la France et l’Europe de ses travaux et de sa renommée, n’appartenait pas encore à l’Institut. La nouvelle Académie s’empressa de recueillir ce grand nom. Ouverte à toutes les idées, n’excluant aucun point de départ pour arriver à ces vérités premières que l’homme cherche toujours et que Dieu ne lui livrera peut-être jamais, elle admit M. Broussais dans sa section de philosophie où il fut le représentant le plus extrême d’une doctrine qui semblait être déjà parvenue, avant lui, jusqu’à ses dernières limites.

C’est donc comme philosophe que j’ai surtout à faire connaître M. Broussais. Mais je remplirais mal ma tâche et je donnerais de lui

  1. Cette remarquable étude sur Broussais a été lue le 27 juin, par M. Mignet, à la séance annuelle de l’Académie des Sciences morales et politiques. Elle complétera dignement, quoique partant d’un point de vue opposé, une appréciation des travaux scientifiques de Broussais qui avait été remarquée dans notre livraison du 1er  mai 1839, mais qui était restée inachevée. (N. du D.)