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vont mieux comme elles vont ! Dans un mois, la confiance renaîtra, les actions remonteront, et vous rirez bien de ce que vous me dites aujourd’hui. Allons donc ! monsieur le duc ; il faut se conduire ici comme un général à la veille d’une bataille.

(Le domestique, puis George.)
LE DOMESTIQUE.

Plus de vingt personnes demandent monsieur le comte et attendent dans son cabinet.

BOURSET, apercevant George.

C’est bien, j’y vais. (Il veut sortir.)

GEORGE, l’arrêtant.

Permettez, monsieur de Puymonfort ; j’ai deux mots à vous dire.

BOURSET.

Pardon, monsieur Freeman, je n’ai pas le temps.

GEORGE.

J’insiste, monsieur. Ce que j’ai à vous dire vous intéresse plus que moi, et monsieur le duc ne sera pas fâché de l’entendre.

LE DUC.

Est-ce relatif à l’arrêt ? Je ne m’intéresse pas à autre chose aujourd’hui.

BOURSET, au duc.

Cet homme est un intrigant ou un fou. Ne l’écoutez pas.

LE DUC.

Ce n’est ni l’un ni l’autre ; je l’écouterai, moi. Parlez, monsieur Freeman.

GEORGE.

Ce que je vous avais dit, monsieur de Puymonfort, j’en étais trop bien instruit pour l’avancer à la légère. Aujourd’hui le fait est avéré, et le grand leurre est anéanti. Il n’y a pas de mines d’or à la Louisiane ; il n’y en a jamais eu, il n’y en aura jamais.

LE DUC.

J’en étais sûr !

BOURSET, à George.

Monsieur, on sait de quelle coterie vous êtes l’agent. Vous allez souvent à Sceaux, et vous êtes l’ami des frères Paris. Mais je vous avertis que personne ici ne conspire contre le régent, et que vous ne ferez point de dupes.

GEORGE.

Je ne conspire contre personne ; je ne conspire pas surtout contre la fortune publique.

LE DUC.

Comment ! monsieur Freeman, vous croyez que M. Bourset…

GEORGE.

Je n’accuse personne, et il me siérait fort mal de me venger des imputa-