de l’orateur donnée par l’antiquité, car son talent n’a jamais servi que la cause du bien.
— M. Amédée Thierry vient de publier le premier volume de son Histoire de la Gaule sous l’administration romaine. Cet ouvrage fait suite à l’Histoire des Gaulois, publiée pour la première fois il y a douze ans. Dans le premier de ces ouvrages, M. Amédée Thierry avait résolu d’une manière aussi neuve que hardie tous les problèmes qui se rattachent aux origines, aux migrations et aux luttes nationales des anciennes populations de la Gaule. Dans le second, il doit retracer l’histoire de cette province depuis la conquête romaine jusqu’à la ruine de l’empire des Césars et à l’établissement des dominations germaniques. Dans cette période, qui s’étend du Ier au Ve siècle de notre ère, la Gaule ne conserve plus rien des temps de son indépendance ; elle est province romaine, et toute son histoire repose sur cette question fondamentale : Qu’était-ce qu’une province de l’empire romain au premier et au second siècle ? Quel était alors le sens politique et social du mot province ? Question très complexe que M. Amédée Thierry a traitée sous toutes ses faces, dans l’introduction de l’Histoire de la Gaule. Remontant jusqu’à l’origine et aux premiers siècles de Rome, l’auteur fait voir comment la politique de cette cité ambitieuse devint un principe d’unité sociale pour l’Italie, puis comment l’unité sociale de l’Italie prépara la future unité du monde romain. Avec l’empire commence la marche progressive du monde romain vers l’unité. Cette tendance se marque dans les institutions politiques par l’influence toujours croissante des provinciaux, dans les idées par la propagation du principe d’égalité entre les peuples et du principe de fraternité entre les hommes, dans le droit par les doctrines d’équité et par les modifications du droit civil qui se rapproche de plus en plus du droit des gens, dans la religion par les efforts du gouvernement romain pour établir la fusion de tous les cultes et par ceux de la philosophie pour fondre ensemble tous les dogmes ; efforts impuissans, il est vrai. Au christianisme était réservée la gloire d’atteindre ce but, et la société chrétienne continua ainsi la société romaine. Telles sont les idées que développe M. Amédée Thierry en les appuyant de preuves multipliées. Il est inutile de faire ressortir la nouveauté et l’élévation de ces aperçus. M. Amédée Thierry s’est placé, pour étudier le monde romain, non plus dans Rome comme les historiens ses devanciers, mais en dehors de Rome, dans une province d’abord conquise par la guerre, puis agrégée à l’état romain par une concession de droits. Outre l’introduction, le premier volume du livre de M. Amédée Thierry contient l’histoire de la province des Gaules depuis le règne des Antonins jusqu’au règne de Sévère. Nous reviendrons plus tard avec détail sur l’ensemble de ce travail important.
— Sous le titre de Mélanges de littérature ancienne et moderne, M. Patin a réuni plusieurs morceaux qui avaient depuis long-temps leur réputation justement faite près des hommes qui sont restés fidèles aux saines traditions littéraires, et que l’instinct toujours vif du beau rappelle à l’étude des grands modèles et à celle des critiques qui les sentent, les comprennent et les font comprendre. Ces mélanges, dont le haut enseignement et la collaboration à divers recueils ont été comme l’occasion première, gardent dans leur diversité même une sorte d’unité, et l’auteur nous paraît avoir parfaitement atteint le