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ne soit soumise à aucune règle ? Non, sans doute. Il y a au-dessus d’elle, si élevée qu’elle soit, les grandes et suprêmes lois, qui constituent la philosophie du langage et dominent la poésie elle-même. Ces lois, bases éternelles de la pensée et de la parole, portent heureusement en elles un cachet irrécusable de généralité et d’évidence. Le peuple est le juge suprême de leur observation. De ces lois, les deux plus importantes sont la clarté et l’analogie. Boileau lui-même a entrevu les deux degrés de juridiction que je signale, quand il a dit :

Et de l’art même apprend à franchir ses limites.

Grand critique et grand poète, il a compris qu’au-delà de la règle commune, il y a une autre règle, et que le code qui régit la langue faite ne peut régir en même temps cette seconde langue, qui est toujours à faire, toujours à recommencer, la langue poétique. — On voit quels principes nous ont guidé dans l’examen dont nous avons donné plus haut le résultat. Le petit nombre d’objections que nous avons dû élever sur cet ensemble d’environ trois mille vers, est un hommage implicite que nous avons rendu à la perfection du reste.


Charles Magnin.