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REVUE. — CHRONIQUE.

des sciences en France, vous savez, monsieur, que l’on s’est présenté de la part de M. Arago dans les bureaux de la Revue, pour demander officiellement le nom de l’auteur de cet écrit. À cela vous avez répondu que, si, malgré l’impartialité dont elle était empreinte, cette lettre avait pu blesser personnellement M. Arago, et, chose qui semblerait impossible, le mettre dans le cas d’exiger une réparation directe, on s’empresserait de lui dire à l’instant le nom de l’auteur ; mais que s’il ne s’agissait que de satisfaire une simple curiosité, on ne voyait aucune raison de lui faire connaître officiellement un nom qui était dans toutes les bouches. — Après cette réponse, on n’a plus reçu aucune nouvelle de M. Arago. Cet illustre savant a donc eu tort d’avancer que je n’osais pas avouer mon œuvre.

Sans doute, si un écrivain caché sous le voile de l’anonyme lançait des personnalités blessantes sans jamais vouloir se montrer, il serait fortement répréhensible, et l’opinion publique ferait prompte justice de ce procédé. Mais critiquant avec mesure et sachant louer sans restriction, je ne me crois pas dans ce cas, et il me semble que lorsqu’on est prêt à accepter la responsabilité réelle de ses écrits, on n’est plus anonyme. D’ailleurs, il ne faut pas l’oublier, les amis de M. Arago qui m’ont attribué des écrits auxquels je suis étranger, qui m’ont injurié dans les journaux, savaient mon nom, et ils se sont dispensés de signer leurs articles sans imiter ma modération. La critique n’a pas besoin d’être appuyée par un nom lorsqu’elle est juste et impartiale. S’il m’était permis d’invoquer d’illustres exemples, je prendrais la liberté de rappeler à M. Arago que ni Pascal attaquant les jésuites, ni Franklin combattant les partisans de l’esclavage, n’ont cru devoir signer les lettres qu’ils publiaient contre leurs adversaires.

Agréez, etc.

L’auteur des Lettres à un Américain.

Un jeune écrivain breton, M. Aurélien de Courson, chargé par M. Guizot de recherches historiques en Basse-Bretagne, vient de mettre au jour le résultat de ses patientes études. L’Essai sur l’histoire, la langue et les institutions de la Bretagne armoricaine[1] est un livre que l’importance du sujet et la manière large dont ce sujet est traité recommandent, non-seulement à ceux qu’intéresse tout ce qui concerne ce noble et curieux pays, mais encore à toutes les personnes qui s’occupent de l’histoire de nos institutions nationales, et qui savent quel est, pour la science, le mérite d’une monographie bien faite.

De toutes les études à faire sur nos anciennes provinces, il n’y en a point

  1. Chez Lenormant, rue de Seine, no 8.