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REVUE DES DEUX MONDES.

LOUISE.

Vous !… Mais je ne vous connais pas !

GEORGE.

Vous me connaissez, et vous devez croire en moi : je suis George Freeman.

LOUISE.

George Freeman ! ô mon sauveur ! protégez-moi. (Elle va pour s’élancer dans ses bras, puis s’arrête tout à coup.)

GEORGE.

Hâtons-nous, mon enfant ; si vous voulez fuir, il n’y a pas un instant à perdre.

LOUISE, passant son bras sous le bras de George.

Partons. Ô ma mère ! pourquoi ne m’aimez-vous pas ?

GEORGE, à part.

Ô Julie ! Julie !… (Ils fuient.)

LUCETTE, rentrant tout essoufflée.

Mamselle ! mamselle !… vous pouvez venir, il n’y a personne ; ils sont tous à la messe… Tiens… où est-elle donc passée ?… Et ce monsieur !… Ah ! voilà une jolie affaire ! ils sont allés à la messe sans moi. Oh ! je les rattraperai bien. (Elle se met à courir dans la direction contraire à celle qu’ont prise George et Louise.)

Un cortège rustique, la musique en tête, traverse le jardin et se dirige vers le château. Des jeunes filles vêtues de blanc et voilées, postulantes rosières, marchent en tête avec leurs mères. Des paysans portant des bouquets ferment la marche en criant :

Vive M. le comte ! vive Mme la comtesse !


ACTE ii.


Un riche appartement à Paris, à l’hôtel Bourset. — Un salon donnant sur un jardin de plain-pied.

Scène Première.


LA MARQUISE, JULIE, en grande toilette de bal toutes deux.
LA MARQUISE.

Ah ! ma fille, vous voilà mise comme un ange et belle à ravir.

JULIE.

Croyez-vous, maman ? Il fallait bien faire un peu de toilette. Le bal de notre vieux ami sera, dit-on, d’un grand luxe.