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sans cela, nous ne sommes qu’une réunion d’aventuriers sous la protection de la charte royale, faisant le commerce là seulement où il n’est pas de l’intérêt de quelqu’un de puissant de s’y opposer, et c’est pour cela que les sages Hollandais, dans toutes leurs instructions générales, instructions que nous avons lues, écrivent dix paragraphes concernant leur gouvernement, l’administration civile et militaire, la guerre et l’augmentation de leurs revenus, pour un paragraphe concernant leur commerce. »

L’historien des Indes anglaises, l’illustre Mill, avait signalé cette tendance précoce à la souveraineté ; toutefois, il s’était borné à en conclure qu’un commerce dédaigné est un commerce négligé, et conséquemment un commerce sans profit, vérité que la discussion publique des ressources et de la situation financière de la compagnie, dans ces derniers temps, a pleinement établie, comme résultat de sa longue existence commerciale. Ce n’était pas là toute la vérité, ce n’était pas le résultat le plus important d’un siècle de combats, de monopole et d’intrigues. Un acte du parlement a formulé d’une manière officielle, il y a sept ans, ce résultat définitif, résultat politique et non commercial, conséquence forcée d’un développement monstrueux et d’une complication d’intérêts dont le ministère anglais n’avait ni la volonté, ni le loisir d’accepter la responsabilité. Par cet acte, qui reçut l’assentiment du roi le 28 août 1833, la compagnie a renoncé au monopole de Chine, suspendu indéfiniment tout négoce, et a été investie du gouvernement immédiat de l’empire hindo-britannique jusqu’au 30 avril 1854. La couronne a délégué à la compagnie le gouvernement suprême des Indes, à la condition acceptée par elle de soumettre ses actes au contrôle d’un conseil spécial. La désignation ordinaire de ce conseil est celle de conseil ou bureau de contrôle (board of control), et ses membres ont le titre de « commissaires de sa majesté pour les affaires de l’Inde. » Le président de ce conseil siége parmi les ministres. La première formation du bureau de contrôle remonte à l’année 1784. Avant d’en définir les attributions, il convient de se rendre compte de l’organisation actuelle de la compagnie des Indes orientales et des fonctions de la cour des directeurs.

Le capital de la compagnie est de 6 millions sterling, ou plus de 156 millions de France. L’intérêt de ce capital, au taux de 10 1/2  p. 100, est réparti, d’après les renseignemens les plus récens, entre trois mille cinq cent soixante-dix-neuf propriétaires. Les affaires générales de la compagnie sont réglées par la cour des propriétaires. Ceux des propriétaires qui possèdent pour 500 liv. sterling d’actions de la