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SITUATION FINANCIÈRE DE LA FRANCE.

Après une exploration longue et laborieuse, on a besoin de jeter un coup d’œil en arrière, pour embrasser dans son ensemble l’espace qu’on vient de parcourir, et raviver les impressions que la fatigue et les inévitables distractions ont obscurcies.

Un aperçu rapide de l’origine et des accroissemens de la dette nationale nous a conduit à l’exposé des systèmes de libération proposés par divers publicistes. L’expédient qui vient de recevoir la consécration d’un vote législatif, la conversion, a été soumis particulièrement à l’analyse. Son principe, appliqué à notre pays, nous a paru blessant et impolitique, son exécution difficile, son résultat financier mesquin et mal assuré. Les obstacles qu’on rencontre dans un temps prospère, lorsqu’on entreprend de réduire les engagemens contractés pendant la détresse, nous autorisaient à conclure que le mécanisme de notre crédit public cache un vice qu’il est nécessaire de corriger. Mais les réformes en matière de finances ne sont pas de celles qui s’improvisent, et, sur ce terrain, l’esprit aventureux est plus funeste encore que l’inertie. Le plus prudent, selon nous, est de satisfaire d’abord par des économies faciles et immédiatement praticables à ce qu’exige le présent ; ensuite, de réviser le pacte aveugle qui lie l’état à ses créanciers, et d’y substituer une législation qui régularise les transactions anciennes et fasse autorité pour l’avenir. Et comme l’amélioration de la fortune publique ne peut résulter que de la prospérité individuelle, après une étude attentive de la constitution du crédit privé, fort de l’opinion commune qui le déclare insuffisant et vicieux, nous proposons une organisation complète et homogène, qui fortifierait tout le corps industriel, en dirigeant jusque dans ses moindres veines une circulation vivifiante.


A. Cochut.