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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 avril 1840.


La situation politique n’a pas éprouvé de modifications importantes dans cette quinzaine. Le ministère a maintenu sa position sans dévier ni à gauche ni à droite, tendant la main aux hommes sensés de toutes les opinions, n’épousant les passions de personne et cherchant à faire, le plus tôt et le mieux possible, les affaires du pays, qui sont nos affaires à tous.

Son appel aux hommes calmes et impartiaux de toutes les nuances constitutionnelles a-t-il été entendu par un grand nombre de personnes ? Cette majorité, la seule possible, qui devait se former par le rapprochement de tous les hommes qui reconnaissent l’impérieuse nécessité de reconstituer dans les chambres une large base au gouvernement du pays, cette majorité, dis-je, existe-t-elle réellement ? est-elle un fait accompli ?

Nous n’osons pas l’affirmer. Qui ne sait les obstacles que les passions politiques s’efforcent de susciter au ministère ? Elles déploient dans cette guerre une persévérance, une habileté dignes d’une meilleure cause. Il est d’ailleurs si facile dans notre pays d’amoindrir les hommes, d’attaquer le pouvoir, de dénaturer ses intentions, de paralyser ses forces ! c’est un jeu dont les hommes du centre droit connaissent, par une longue expérience, les funestes résultats. Diront-ils qu’ils appliquent la loi du talion ? Soit. Mais sur qui retomberaient les conséquences ? Sur le pays.

Spectacle bizarre et plein d’enseignement douloureux ! La gauche, il est juste de le reconnaître, a montré jusqu’ici toute la mesure, toute la prudence qu’on pouvait raisonnablement attendre d’hommes qui, hier encore, étaient dans les rangs d’une opposition irritée et guerroyante. Voudrait-on que des hommes qui ont à peine posé les armes n’eussent pas la parole un peu vive et la figure