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RÉFLEXIONS POLITIQUES.

influence constitutionnelle de la couronne ? et une réaction contre qui ? contre M. Laffitte et ses collègues, qui avaient, disait alors l’opposition, fléchi sur ce point et compromis par leur faiblesse les principes qu’ils professent aujourd’hui avec tant d’ardeur ! Nous avons assez souvent et assez vivement débattu contre la gauche, et dans le sens du parti conservateur, cette question du gouvernement personnel, pour avoir le droit de ne pas partager les alarmes qu’on répand. Disons donc que si ceux des cabinets étrangers qui souhaitent vivement une paix durable, et qui font des vœux pour le maintien de la tranquillité en France, peuvent être rassurés, c’est justement en voyant cesser de pareils débats. L’Europe estime et admire le roi, nous sommes heureux de le constater ; elle sait, elle dit que, grace à sa fermeté, à sa persévérance, il a puissamment contribué à maintenir la paix générale, à rendre courage aux hommes d’ordre, et à vaincre les passions révolutionnaires. L’Europe reconnaît qu’aucun des prédécesseurs de Louis-Philippe n’est monté sur le trône dans des circonstances aussi périlleuses que celles où il s’est trouvé. « L’Europe, a dit un écrivain politique étranger, qui n’est pas suspect de partialité pour notre gouvernement ; l’Europe sait ce qu’elle doit au caractère résolu et persuasif du roi des Français, à sa constance, à la marche sage et réfléchie de son esprit ; l’Europe connaît aussi les dangers que lui a fait courir le manque de prévision politique de la dynastie déchue, et ce que disent les radicaux ou les légitimistes irrités n’affaiblira en rien, aux yeux de la génération présente et de l’histoire, le mérite des services que Louis-Philippe a rendus à la France et à l’Europe en maintenant la paix. À cet égard, ni les sarcasmes de M. de Cormenin ni les figures de rhétorique de M. Berryer, oubliés aussitôt qu’accueillis par les esprits légers, n’ont trouvé accès près des hommes politiques sérieux, et n’ont influé sur le jugement des hommes d’état. »

Ne soyons pas plus royalistes que le roi, qui a dit un mot digne de sa sagesse en déclarant qu’il est le roi de la majorité. Sans doute on n’est pas roi sans craindre les révolutions et les bouleversemens, que craignent bien aussi un peu les peuples ; mais quand on a formé sa sagesse et son expérience de la fréquentation de toutes les classes de la société, quand on a observé quinze ans, près du trône, les fautes de ceux qui l’ont occupé, on ne saurait se tromper comme le fit Charles X, et prendre un revirement politique pour une révolution. Une commotion sérieuse ne pourrait avoir lieu en France que par une erreur de cette sorte ; mais, Dieu merci, quoi qu’en aient dit les exagérés