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REVUE DES DEUX MONDES.

Va présider au Capitole.
Ô monts du Latium, inclinez vos sommets !
Napoléon va rendre à l’antique Ausonie
Ses lauriers, sa splendeur, son trône, son génie.
Rome ! tes destins vont changer.
...........
Quel est le Dieu que le tonnerre
En grondant annonce à la terre ?
C’est le fils du plus grand des rois.
...........
Enfant chéri du ciel, attendu par la terre,
Promis à la postérité,
Puisses-tu, sous les yeux de ton auguste père,
Croître pour l’immortalité !
Et vous, peuples heureux de ces heureux rivages,
Ô vous dont sa naissance a comblé tous les vœux,
Goûtez un bonheur sans nuages
Qui doit s’étendre un jour à nos derniers neveux.
Bannissez la crainte importune ;
Par un vent favorable en son cours entraîné,
Le vaisseau de l’état, de gloire environné,
Porte César et sa fortune.

Après Charles XII à Narva, épisode épique entièrement oublié, les pièces qui se succèdent dans la jeunesse de l’auteur mettent de plus en plus sur la trace de sa manière propre qui n’aura plus tard qu’à se compléter. Vers la fin de 1813, la France ayant perdu son Virgile, comme on disait alors, M. Delavigne chanta Jacques Delille dans un dithyrambe où il parut s’être inspiré du poète auquel il consacrait sa lyre. Talent marqué pour ainsi dire en naissant du sceau académique, il vise de bonne heure aux concours de l’institut où il se signale par son Poème de la vaccine en 1815, et deux ans après par son épître sur les Inconvéniens attachés à la culture des lettres. Le concours de 1817 eut cela de remarquable que MM. Lebrun, C. Delavigne, Victor Hugo, Saintine et Loyson y débutaient à la fois. Ce fut, je crois, M. Saintine le romancier qui emporta le prix. M. Delavigne, qui avait traité justement le contre-pied du sujet, et qui, chemin faisant, s’était donné des airs de vieillard pour se déguiser mieux, avait montré moins de fidélité aux termes du programme qu’à la dictée de sa raison personnelle. Sans parler de l’élégance et du spirituel abandon déjà révélés dans le Poème de la vaccine, il y avait de plus cette fois un facile enjouement qui était comme un ressouvenir des