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le crois, l’ὑποβολεὺς[1], à la voix duquel obéissaient si ponctuellement les comédiens.

Quoi qu’il en soit, les observations que faisait le poète sur les entrées, les sorties, ou tout autre détail de la mise en scène, étaient non-seulement transmises de vive voix de troupe en troupe, avec le masque de chaque rôle et la peinture du costume ; mais quelquefois ses indications étaient recueillies par écrit et conservées sous le nom de διδασκαλιαι. Plusieurs de ces observations se retrouvent encore aujourd’hui dans les scholiastes ; quelques-unes même ont passé dans les textes. On en voit de fort courtes, il est vrai, dans les Euménides d’Eschyle, dans le Cyclope d’Euripide et dans les Grenouilles d’Aristophane.

Ce serait ici le lieu d’examiner si les anciens ont employé dans leurs théâtres ce que nous appelons des souffleurs. Boettiger le nie[2]. Je crois qu’il a raison pour la Grèce. Le batteur de mesure, qui se plaçait au milieu du thymélé, pour être vu de tous[3], et qui, dans les beaux temps du théâtre, c’est-à-dire du temps de Sophocle, d’Euripide et de Ménandre, était le poète lui-même, le pythaule et le choraule qui près de lui[4] donnaient le ton, le premier aux comédiens, le second aux choreutes, et, enfin, l’ὑποβολεὺς ou le designator scenarum, qui maintenait l’ordre et la suite dans la représentation, suffisaient pour prévenir toutes les fautes d’attention ou de mémoire. Plus tard seulement, lorsque le batteur de mesure, au lieu d’être le poète, ne fut plus qu’un chef d’orchestre mercenaire, et, comme on l’appelait, un mésochore[5], peut-être alors l’ὑποβολεὺς, caché derrière la scène, ἀοράτως[6], fit-il l’office de souffleur, ou, suivant l’expression romaine, de moniteur. Il est, dans tous les cas, diffi-

  1. Plutarch., Præcept. polit., cap. XVII, pag. 813, F.
  2. Boettig., Quid sit docere fabulam, prolus. pr., pag. 292, ed. Sillig.
  3. Aristot., Problem., sect. XIX, § 22.
  4. Je ne crois pas que le pythaule se tint sur la scène auprès des comédiens. Il est vrai que sur un vase du cabinet d’Hamilton (Tyschb., tom. IV, pl. X) et sur un bas-relief (Ficoroni, Le maschere scen., tav. XI, pag. 25, seqq., et Mus. Borbon., tom. IV, tav. XXIV) on voit des tibicènes occuper la scène avec les acteurs. Mais cette circonstance, qui se retrouve peut-être sur d’autres monumens, tient au système de représentation particulier aux vases peints et aux bas-reliefs, où tous les objets se présentent sur le même plan. Il n’y a non plus rien à conclure d’une peinture d’Herculanum (tom. IV, tav. XXXIV), où une joueuse de flûte figure dans une scène comique entourée de comédiens ; cette joueuse de flûte me paraît tenir là sa place comme actrice. J’en dis autant de la peinture décrite par Gerhard et Panofka (Napels antike bildwerke, n. 570).
  5. Plin., lib. II, Epist. 14. — Le mésochore était proprement le chef d’orchestre dans les pantomimes.
  6. Phil., De vit. Mos., II, med., pag. 659, Francf., ann. 1691.