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taines portions de la Georgie ne produisent fréquemment que trois cents livres ou à peu près le cinquième de ce que donne la même étendue de terrain au Texas. J’ai vu sur la route de Mont-Gomery à Charleston, dans l’Alabama et la Georgie, des champs immenses où le cotonnier n’arrivait pas à trois pieds de haut ; la même plante s’élève à cinq et six pieds sur les bords du Mississipi, et à sept et huit au Texas.

La partie cultivée du Texas est comprise entre le 96me et le 100me degré de longitude occidentale du méridien de Paris ; elle s’étend depuis le bord de la mer jusque vers le 32me degré de latitude, et même plus loin vers le nord, l’espace compris entre le 32me parallèle et la rivière Rouge se peuplant de jour en jour.

Un auteur américain a calculé que le Texas renferme de quatre à cinq cents milles carrés, que 25,000,000 d’acres peuvent être mis en culture ; que 5 à 6,000,000 donneront au moins une balle de coton par acre, et la plupart deux ou plus. Le moindre produit annuel serait donc de 5,000,000 balles, ce qui, à 40 dollars la balle, ferait une somme d’un milliard de francs. Quand même ces calculs seraient empreints d’une certaine exagération, la culture du coton n’en serait pas moins pour le Texas une source éventuelle de richesses vraiment prodigieuses.

Voici quelques chiffres plus modestes. En 1833, le Texas exportait 4,000 balles de coton, 10,000 en 1834. Les travaux furent suspendus pendant les années 1835 et 1836 ; mais ils furent repris vigoureusement en 1837, et l’exportation de 1838 approchait de 100,000 balles ; ce chiffre doit avoir été dépassé depuis. C’est au mois de mars de l’année dernière que le Texas est, pour la première fois, entré directement en relations commerciales avec l’Europe. Le trois mâts anglais l’Ambassador est arrivé de Liverpool à Galveston avec une riche cargaison, et a pris 1,100 balles de coton pour cargaison de retour. Ce navire, qui calait douze pieds et demi d’eau, est entré à Galveston sans difficulté.

Les Texiens commencent aussi à cultiver la canne, et, suivant la voie ouverte par les colons de la Louisiane, ils ont donné la préférence à la variété d’Otaïti. Cette variété, qui est glauque, marquée de longues bandelettes violettes, fournit sa substance sucrée dans le cours d’une végétation de cinq à six mois, tandis qu’il faut à la canne des Antilles quinze et dix-huit mois pour arriver au même point. La canne d’Otaïti n’atteint pas un aussi grand développement que cette dernière, il est vrai, mais elle donne deux récoltes, tandis que l’autre