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générale que M. B. Lamar, citoyen de la Georgie alors, aujourd’hui président du Texas, offrit ses services aux insurgés.

Néanmoins le parti qui voulait maintenir l’union avec le Mexique était encore assez nombreux, et il fut assez influent pour arrêter quelque peu le mouvement d’indépendance. Il poussa même à une tentative malheureuse d’expédition au-delà du Rio-Grande, qui avait pour but de réveiller dans les provinces voisines l’esprit de fédéralisme, et d’y provoquer une contre-révolution. Les deux faibles détachemens qui avaient tenté cette hasardeuse entreprise furent exterminés par les troupes de Santa-Anna. Tandis que cela se passait du côté de Matamoras, les politiques du Texas continuaient à discuter sur l’indépendance, dont les partisans invoquaient tour à tour l’histoire, la morale et l’intérêt, pour faire prévaloir leurs opinions sur des conseils plus timides. D’après ces hésitations, il est à présumer que si alors les états mexicains limitrophes du Texas s’étaient soulevés pour la constitution fédérale, la déclaration d’indépendance eût été ajournée, et l’alliance du Texas avec les provinces septentrionales du Mexique contre le centralisme aurait donné aux évènemens une direction toute différente. Mais on apprit qu’au Mexique tous les partis s’étaient ralliés dans une pensée commune de vengeance nationale, et ce qui mit fin à toute irrésolution, ce fut le rapport des agens envoyés aux États-Unis sur le résultat de leur mission. Ils annonçaient qu’ils avaient conclu, à la Nouvelle-Orléans, un emprunt de 200,000 dollars, que le zèle des Anglo-Américains en faveur du Texas se refroidirait aussitôt, s’ils le voyaient balancer à proclamer son indépendance ; ils conseillaient donc à leurs compatriotes de prendre cette mesure décisive sans plus de délai. Le conseil fut suivi, et une nouvelle convention se réunit à Washington, sur le haut Brazos, le 1er mars 1836.

J’ai maintenant à retracer le tableau de la courte, mais décisive campagne dont les résultats ont consacré l’indépendance du Texas. Cette campagne s’ouvrit au moment où le peuple texien, surmontant ses dernières hésitations, se préparait à soutenir la lutte pour lui seul, et revendiquait hautement les droits de sa nationalité. Elle ne dura que deux mois. L’armée mexicaine parut le 21 février 1836 devant San-Antonio de Bejar. Le 21 avril, le général Houston et Santa-Anna se livraient dans les plaines de San-Jacinto la bataille qui termina la guerre. Trois évènemens la signalent : l’héroïque défense de l’Alamo (citadelle de Bejar) par cent quarante soldats texiens sous les ordres de l’immortel Travis ; la défaite du colonel Fannin à Goliad, et l’hor-