Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/237

Cette page a été validée par deux contributeurs.
233
LE TEXAS ET SA RÉVOLUTION.

tout prix, de la personne de Zavala, ancien ministre mexicain, poursuivi par la haine de Santa-Anna, dont il avait refusé de servir la politique nouvelle. Zavala possédait de grandes concessions de terres au Texas, et avait formé le projet de s’y établir. Plusieurs autres personnes étaient poursuivies avec lui, et en même temps le général Cos fit sommer Brazoria, Columbia et Velasco de remettre leurs armes entre les mains des autorités mexicaines, double outrage qui excita la plus vive indignation.

Ainsi se multipliaient et se répondaient coup pour coup, quelquefois même sans intention de part ni d’autre, mais par une conséquence inévitable de la situation, les actes les plus hostiles, les résolutions les plus compromettantes. Il s’établit à San-Felipe, où résidait Stephen Austin, un comité de sûreté publique qui prit aussitôt, par la force des choses, l’attitude d’un comité central. Informé des mouvemens du général Cos, il les fit connaître au peuple par une circulaire, dans laquelle il déclarait que les dispositions de cet officier supérieur n’étaient rien moins que conciliantes, que la ruine du Texas était décidée, et qu’il ne restait aux habitans d’autre ressource que la guerre. Bientôt un premier détachement de troupes mexicaines s’avança de Bejar sur Gonzalès, dont la population demanda du secours au comité de San-Felipe. Celui-ci dirigea aussitôt sur Gonzalès un petit nombre de volontaires, qui suffirent pour arrêter les Mexicains. Deux cents hommes du côté de ces derniers, et cent soixante du côté des colons, en vinrent aux mains le 2 octobre, et les Texiens manœuvrèrent si bien leur unique canon, que le détachement mexicain fut forcé de se replier sur Bejar, avec une perte de quelques hommes. Ce fut le premier engagement dans cette partie du Texas. Le lendemain, le comité de San-Felipe publia une lettre officielle adressée à la municipalité de Gonzalès par le ministre de l’intérieur de la république. On y demandait l’adhésion du Texas aux réformes que le congrès général, prenant en considération les vœux du pays tout entier, allait accomplir dans la constitution ; on ajoutait que les besoins du Texas ne seraient pas perdus de vue par le gouvernement, qu’il comptait sur le bon esprit des citoyens, et qu’il était décidé à soutenir l’œuvre de la majorité nationale, à protéger les amis de l’ordre et à punir les promoteurs de séditions. En publiant cette lettre, le comité y joignit un commentaire très peu pacifique : « Quelles sont, disait-il, les réformes dont parle le ministre ? Est-ce la réduction de la milice des états à un homme par cinq cents habitans, et le désarmement des autres ? Est-ce le renversement de la