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LE TEXAS ET SA RÉVOLUTION.

Aussi fut-il révoqué, en ce qui concernait le Texas, par le gouvernement qui succéda à celui de Guerrero, et sur les représentations du gouverneur Viesca. Quant au décret du 6 avril 1830, qui était, pour ainsi dire, la réponse publique du Mexique aux secrètes manœuvres des États-Unis, nous avons dit que, loin de recevoir une exécution rigoureuse, il fut aisément éludé par l’adresse, ou même ouvertement violé par la force.

Aucun évènement de quelque importance ne signala le cours de l’année 1830 ; mais, de part et d’autre, la confiance était ébranlée. Malgré son épuisement, ses embarras intérieurs et son état de désorganisation permanente, le gouvernement de Mexico ne put se dissimuler que, pour conserver le Texas, il aurait bientôt une lutte à soutenir, soit contre les États-Unis, soit contre les colons anglo-américains, et il s’y prépara. De petits corps de troupes furent envoyés dans le pays sous différens prétextes, et occupèrent les principaux postes. Au commencement de 1832, ces forces étaient réparties de la manière suivante : à Nacogdoches, 500 hommes ; à San-Antonio de Bejar, 250 ; à Goliad, 118 ; à Anahuac, 150 ; à Galveston, 30 ; à Velasco, 100 ; au fort de Teran, 40 ; à Victoria, 40 ; à Tenochtitlan, 40 ; en tout 1268. Avant de se moquer d’une pareille armée, il faut réfléchir au petit nombre des colons qu’elle était destinée à surveiller et à tenir en échec, à leur dissémination et à leur inexpérience militaire. C’était donc, à tout prendre, une force assez imposante ; et si les détachemens avaient été bien commandés, si la nouvelle guerre civile qui allait éclater au Mexique, n’était venue les paralyser, l’insurrection du Texas aurait pu ne pas réussir aussi vite. La présence et l’insubordination de ces troupes étrangères irritèrent vivement la population texienne. Le moindre prétexte devait suffire pour lui faire prendre les armes : il ne tarda pas à se présenter.

Le Mexique était alors régi par la constitution fédérale de 1824. Chaque province, sous le nom d’état, possédait sa législature particulière, son gouverneur électif, son budget, etc., mais le gouvernement de Mexico, le congrès général et le président de la république étaient sans cesse en querelle avec les états, sur leurs attributions respectives et les limites de leurs pouvoirs. En théorie, les choses avaient été merveilleusement réglées ; dans la pratique, rien ne marchait. Les tiraillemens étaient continuels ; les états n’acquittaient point leurs contributions au trésor de la république ; ils formaient entre eux des confédérations particulières ; ils chassaient les troupes du gouvernement suprême ; ils faisaient des lois contraires à la législation générale