Et le mien.
Eh oui ! eh oui ! c’est le nôtre à tous.
Je vous remercie, messieurs, de cette preuve d’estime, et quelque pénible, quelque dangereuse que soit la tâche que vous m’imposez, je saurai m’en rendre digne. J’en parlerai au régent dès que l’arrêt sera révoqué, et il sera tellement flatté de votre confiance au système, que vous obtiendrez de lui, je n’en doute pas, les faveurs et monopoles que vous sollicitez depuis si longtemps ; vous, monsieur le duc, les sucres et cafés ; vous, monsieur le comte, le monopole des cuirs ; vous, monsieur le marquis, celui des graisses, savons et chandelles[1] ; vous, monsieur le duc, que demandez-vous ?
Est-ce que vous ne pourriez pas me trouver quelque chose d’un peu moins malpropre ? (À demi-voix.) Moi, mon cher Bourset, je suis très content d’être remboursé et très dégoûté des affaires. À mon âge, vous l’avez dit, il faut du repos.
Je vous ai donné un bon coup d’épaule ; vous paierez, je l’espère, ma petite dette de jeu…
Fût-elle de cinq mille livres, monsieur le duc…
Elle n’est que de dix mille.
Soit. (À part.) Mendiant ! puisses-tu être roué vif[2].
Ah ça ! ce Bourset est-il le plus rusé coquin ou le plus honnête homme que j’aie jamais connu. ?
Ce pauvre chevalier m’a donné là, sans s’en douter, une heureuse idée ! Qu’il aille en Amérique à présent et qu’il en revienne encore, je le défie !