Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 21.djvu/827

Cette page a été validée par deux contributeurs.



LE
THÉÂTRE EN ITALIE.

I.
STENTARELLO.

La haute comédie est morte en Italie, il est vrai qu’elle n’y a jamais été fort vivante ; Goldoni, Carlo Gozzi, le comte Giraud, effleurent l’écorce comique plus souvent qu’ils ne pénètrent au cœur. Goldoni est plein de verve, mais il est grossier ; Gozzi abuse de la poésie et pousse le fantastique jusqu’au délire. Giraud, esprit voltairien, offre un assez heureux mélange de gaîté et de sensibilité, sa comédie de Don Desiderio ne manque ni d’intérêt ni de nerf comique ; mais ce ne sont là que des étincelles : rien de franc, rien de complet. La Mandragore de Machiavel est toujours la seule comédie vraiment digne de ce nom qu’ait produite l’Italie, comédie peut-être un peu triste.

Ce ne sont pas cependant les sujets qui ont manqué aux poètes comiques italiens. Les ridicules par-delà les Alpes ne sont ni plus rares ni plus communs qu’ailleurs ; ils sont seulement moins remarqués et moins sentis. À bien dire, dans ce que nous appelons des ridi-