Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 21.djvu/736

Cette page a été validée par deux contributeurs.
732
REVUE DES DEUX MONDES.

cette mesure, de ce tact qui distinguent cet homme d’état, il a été accueilli par la chambre avec la plus vive satisfaction. Il n’a laissé qu’un désir, celui d’entendre le plus tôt possible un éloge qui offre plus de difficultés encore dans la bouche d’un ministre de juillet, l’éloge académique de M. de Quélen.

M. Teste, à la chambre des députés, appelé à la tribune pour une pétition relative aux offices, a fait preuve de talent en repoussant les accusations et les reproches dont il avait été l’objet. La chambre, malgré des préventions que la presse et les parties intéressées avaient soigneusement alimentées, a applaudi à la parole du ministre et goûté ses raisons. Singulière assemblée, dira-t-on, qui vous renverse aujourd’hui sans vous entendre, et vous applaudit demain ! Mais aussi pourrait-elle répondre : Pourquoi ne parliez-vous pas deux jours plus tôt ? Est-ce à la chambre de vous prier de parler, ou à vous de demander à la chambre de vous écouter ? Pourquoi avez-vous laissé à l’éloquence pâteuse de M. Amilhau le soin de réfuter M. Laffitte ?

Une réponse vive, piquante, s’il le fallait, faite par un ministre, aurait engagé la bataille. Ne serait-ce pas que les ministres aussi ne brûlaient guère du désir de parler sur la question, et auraient désiré l’emporter comme un ordre du jour sur une pétition ? Au surplus, nous nous plaisons à le reconnaître, il serait injuste de trop insister sur le silence des ministres dans ce jour mémorable. Nul n’est certain d’échapper aux effets d’une surprise. Ce qui est moins concevable, ainsi que nous l’avons dit, c’est que la surprise ait été possible, surtout pour les ministres députés.


Revue Littéraire.

La grande émotion littéraire de la quinzaine a été la nomination de M. Flourens à l’exclusion de M. Victor Hugo. Nous venons trop tard pour ajouter aux lazzis de toutes sortes qui en ont couru, et cela serait peu de notre goût d’ailleurs. Il est très fâcheux que la portion de l’Académie française, qui s’est obstinée à ce point contre M. Hugo, n’ait pas compris que, dans le discrédit général où tombent tous les corps, il y avait inconvénient, pour le corps prétendu spirituel par excellence, à ranimer toutes les vieilles plaisanteries qui ont cours depuis Piron, depuis Chapelle, et à se les attirer grossies de ce je ne sais quoi de particulièrement méprisant et mortifiant qui est le propre de la clameur publique en ce temps-ci. Nous regrettons surtout que M. Flourens, un homme honorable, un savant distingué, qui remplit si bien son rang à l’Académie des sciences, se soit prêté à une véritable intrigue qui, sans lui, aurait probablement échoué. Les Éloges de Cuvier, de Chaptal, de Desfontaines, sont assurément des morceaux convenables, où la gravité du ton est